Khoutbah

Khoutbah n°913 : Le repentir

Allah tabaraka wata^ala a fait que le repentir, at-tawbah, soit une purification des péchés. Et la condition pour que le repentir soit valable, c’est qu’il ait lieu dans le temps où il est accepté. En effet, il y a des temps dans lesquels le repentir n’est plus accepté.

660

بِــــــــــــــــــسمِ اللهِ الرَّحمنِ الرَّحِيــــــــــــــــــــــم

Je commence par le nom de Allah, Celui Qui accorde Sa miséricorde à toutes les créatures dans le bas monde mais aux seuls croyants dans l’au-delà, Celui Qui accorde beaucoup de miséricordes aux croyants

الحَمدُ للهِ رَبِّ العَالَمِين

La louange est à Allah le Seigneur des mondes,

والصَّلاةُ والسَّلامُ عَلى سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ رَسُولِ اللهِ

Que l’honneur et l’élévation en degrés soient accordés à notre maître Mouhammad le Messager de Allah, ainsi que la préservation de sa communauté de ce que le Prophète craint pour elle.

Khoutbah n°913

Le vendredi 24 mars 2017 correspondant au 25 joumada l-‘akhirah 1438 de l’Hégire

Le Repentir

Louanges à Allah, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous Le remercions. Nous demandons que Allah nous préserve du mal de nos âmes et du mal de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer ; et celui que Allah égare, nul ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique, qu’Il n’a pas d’associé ni de semblable, ni d’équivalent ni d’égal. Je témoigne que notre maître et notre bien-aimé, notre éminence et notre guide, la cause de notre joie, notre maître Mouhammad est Son esclave et Son Messager, celui qu’Il a élu, celui qu’Il agrée le plus, celui que Allah a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, en tant que guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur d’un châtiment. Il a bien transmis le message, il s’est acquitté de ce qui lui a été confié, il a porté le conseil à la communauté, il a fourni ses efforts dans la voie que Allah agrée, du véritable effort. Que Allah le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué un de Ses prophètes.

Que l’honneur et l’élévation en degrés te soient accordés au Messager de Allah, ô phare de la bonne guidée ; tu es celui qui soigne nos cœurs et celui qui est leur remède ; celui qui est la cause de la bonne santé de nos corps et de leur guérison ; celui qui est comme la lumière et les éclats de nos regards. Que l’honneur et l’élévation en degrés te soient accordés, ô Messager de Allah, ainsi qu’à tout prophète que Dieu a envoyé.

Esclaves de Allah, je vous recommande ainsi qu’à moi-même de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Aliyy Al-^Adhim. Sachez que Allah ta^ala dit dans le Qour’an honoré :

] إِنَّمَا التَّوْبَةُ عَلَى اللَّهِ لِلَّذِينَ يَعْمَلُونَ السُّوءَ بِجَهَالَةٍ ثُمَّ يَتُوبُونَ مِنْ قَرِيبٍ [

[sourat An-Niça’ / 17] (‘innama t-tawbatou ^ala l-Lahi lil-ladhina ya^malouna s-sou’a bijahalatin thoumma yatoubouna min qarib)

« Allah accepte le repentir de ceux qui font le mal par manque de sagesse ; et qui se repentent assez tôt [tant que le repentir est accepté]. »

Chers frères de foi, Allah tabaraka wata^ala a fait que le repentir, at-tawbah, soit une purification des péchés. Et la condition pour que le repentir soit valable, c’est qu’il ait lieu dans le temps où il est accepté. En effet, il y a des temps dans lesquels le repentir n’est plus accepté comme après que le soleil se sera levé de son couchant et que la bête parcourra la terre. Ce sont deux des grands signes annonciateurs de la fin du monde. Ainsi, celui qui voudra se repentir à ce moment-là, son repentir ne sera plus accepté. Il en est de même pour celui qui parvient à un état où il a perdu tout espoir de vie, comme s’il est sur le point de se noyer par exemple. C’est ce qui est arrivé à Pharaon lorsqu’il avait essayé de rattraper notre maître Mouça ^alayhi s-salam en le suivant dans la mer. Lorsqu’il avait eu la certitude qu’il allait mourir après avoir vu la mer se refermer sur lui, il avait dit :

]آمَنتُ أَنَّهُ لَا إِلَٰهَ إِلَّا الَّذِي آمَنَتْ بِهِ بَنُو إِسْرَائِيلَ وَأَنَا مِنَ الْمُسْلِمِينَ[

[sourat Younous / 90] (‘amantou ‘annahou la ‘ilaha ‘il-la l-Ladhiamanat bihi banou ‘Israila wa’ana mina l-mouslimin)

« Je crois qu’il n’est de dieu que Celui en Qui ont cru les fils de ‘Israil et je suis du nombre des musulmans. »

Mais, Allah n’a pas accepté son repentir. Allah nous l’apprend dans le Qour’an :

] آلْآنَ وَقَدْ عَصَيْتَ قَبْلُ وَكُنتَ مِنَ الْمُفْسِدِينَ [

[sourat Younous / 91] (‘al’ana waqad ^asayta qablou wakounta mina l-moufsidin)

« Est-ce maintenant, alors qu’auparavant tu désobéissais et faisais partie de ceux qui semaient le mal sur terre ? »

Il en est de même pour celui qui voit l’ange de la mort ^Azrail ^alayhi s-salam lui annoncer la mauvaise nouvelle du châtiment, le repentir de celui-là n’est pas accepté non plus.

Allah ta^ala dit dans le Qour’an honoré :

] وَلَيْسَتِ التَّوْبَةُ لِلَّذِينَ يَعْمَلُونَ السَّيِّئَاتِ حَتَّىٰ إِذَا حَضَرَ أَحَدَهُمُ الْمَوْتُ قَالَ إِنِّي تُبْتُ الْآنَ [

[sourat An-Niça’ / 18] (walayçati t-tawbatou lil-ladhina ya^malouna s-sayyi’ati hatta ‘idha hadara ‘ahadouhoumou l-mawtou qala ‘inni toubtou l-‘an)

« Mais le repentir n’est pas accordé à ceux qui font de mauvaises actions et qui, lorsque la mort se présente à l’un d’eux, s’écrient : “certes, maintenant je me repens”. »

Ainsi, le repentir est valable s’il a lieu dans le temps où il est accepté. Par conséquent, si quelqu’un se repent d’un repentir sincère, en abandonnant le péché, en regrettant de l’avoir commis, et en prenant la ferme résolution de ne pas le refaire, Allah ta^ala accepte son repentir. En effet, le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

)) التَائِبُ مِنَ الذَّنْبِ كَمَنْ لَا ذَنْبَ لَهُ ((

(at-ta’ibou mina dh-dhanbi kaman la dhanba lah)

« Celui qui se repent d’un péché est comme celui qui ne l’a pas commis. »

Il a été rapporté que le grand saint Malik Ibnou Dinar, que Allah l’agrée, lorsqu’il avait été interrogé sur l’origine de son repentir, avait fait le récit suivant :

« J’ai eu une fille à laquelle je m’étais fortement attaché. Lorsqu’elle s’est mise à marcher, mon cœur s’est attaché à elle et mon amour pour elle a grandi davantage.

Quand je me servais de l’alcool, elle venait à moi et m’enlevait la bouteille des mains, et la renversait sur mes vêtements.

Lorsqu’elle eut atteint l’âge de deux ans, ma fille est morte, et mon chagrin fut immense. Lorsque vint la nuit de la mi-Cha^ban, c’était d’ailleurs une nuit de vendredi, je me suis endormi ivre d’alcool. Je n’avais même pas fait la prière du ^icha‘. J’ai vu alors dans mon sommeil comme si les gens des tombes étaient ressuscités et comme si les créatures étaient rassemblées ; et j’étais présent avec elles. Alors que j’étais ainsi, j’ai entendu un bruit inquiétant derrière moi. Je me suis retourné et j’ai vu un serpent gigantesque, d’une taille et d’un aspect que je n’avais jamais vu. Ce serpent était noir-bleu, il avait ouvert sa gueule en se dirigeant vers moi rapidement. Je me suis alors échappé en m’enfuyant terrorisé, remplis de peur. Sur mon chemin, j’ai rencontré un homme âgé. Ses habits étaient propres, il était beau et dégageait une belle odeur. Je lui ai passé le salam et il m’a rendu le salam. Et je lui ai dit : « Venez m’aider, secourez-moi. » Il m’a répondu : « Je suis faible et ce serpent est plus fort que moi, je ne peux rien contre lui. Mais traverse plus vite, que Allah ta^ala te donne une cause pour te sauver. » Je suis alors parti en m’enfuyant et j’ai escaladé un endroit sur une des stations du Jour du jugement. Là, j’ai vu l’intensité et le danger du feu et j’ai failli tomber dedans. J’avais peur de ce grand serpent qui était toujours derrière moi.

C’est alors que j’ai entendu une voix qui me dit : « Reviens, tu ne fais pas partie des gens de l’enfer. » J’ai été apaisé par cette voix et je suis revenu. Quant au serpent, il était toujours derrière moi et me suivait. Je suis reparti auprès du vieil homme et je lui ai dit : « Je vous ai demandé de venir à mon secours pour me sauver de ce grand serpent, mais vous n’avez rien fait. » C’est alors que le vieillard a pleuré et a dit : « Je suis faible, mais va vers cette montagne, car il y a les enfants des musulmans qui sont morts dans l’enfance. Si tu en as un parmi eux là-bas, il t’aidera. »

J’ai regardé en direction d’une montagne de forme arrondie. Elle comportait des lucarnes fermées avec des rideaux. Chaque lucarne avait deux tringles d’or rouge ornées de perles et d’autres pierres précieuses et sur chaque tringle, il y avait un rideau de soie. Lorsque j’ai regardé en direction de la montagne, je me suis enfui dans cette direction et le serpent était toujours derrière moi, il continuait de me suivre. En me rapprochant de cette montagne, j’entendis un ange dire : « Levez les rideaux et ouvrez les portes, puisse cet homme apeuré avoir chez vous un de ses enfants qui sera un secours pour lui contre son ennemi. » C’est alors que les rideaux furent levés, les portes se sont ouvertes et des enfants apparurent avec des visages tels des lunes. Le serpent se rapprochait et j’étais inquiet. Alors, un enfant s’est mis à dire à haute voix : « Venez tous, car il s’est trop rapproché de lui. » Ils sont tous venus, groupes après groupes. C’est alors que j’ai aperçu ma fille, elle est apparue avec eux en se dirigeant vers moi. Lorsqu’elle m’a vu, elle s’est mise à pleurer en disant : « C’est mon père, je jure par Allah. » Puis, elle a sauté dans un nuage de lumière comme une flèche jusqu’à arriver auprès de moi. Elle m’a saisi par la main et elle a tendu son autre main vers le serpent qui est parti en fuyant.

Ensuite, elle m’a fait asseoir et s’est assise sur mes genoux, elle a saisi ma barbe et m’a dit : « Ô mon père » :

] أَلَمْ يَأْنِ لِلَّذِينَ آمَنُوا أَن تَخْشَعَ قُلُوبُهُمْ لِذِكْرِ اللَّهِ [

[sourat Al-Hadid / 16] (‘alam ya’ni lil-ladhina ‘amanou ‘an takhcha^a qouloubouhoum lidhikri l-Lah)

« Le moment n’est-il pas venu pour ceux qui ont cru, que leur cœur fasse preuve de crainte et de piété pour invoquer Allah ? »

Je me suis mis alors à pleurer et je lui ai dit : « Ô ma fille, vous connaissez donc le Qour’an ? » Elle m’a dit : « Mon père, nous le connaissons mieux que vous autres. » Je lui ai dit : « Parle-moi de ce serpent qui voulait ma perte. » Elle m’a répondu : « Ce serpent représente tes mauvais actes, tu l’as renforcé jusqu’à ce qu’il devienne plus fort que toi ; et il a voulu te noyer dans le feu de l’enfer. » [Ce qui veut dire que ses mauvaises œuvres lui sont apparues sous la forme de ce serpent qui a failli le faire périr parce que les mauvaises œuvres conduisent leur auteur à sa perte.] Je lui ai dit : « Parle-moi de ce vieil homme que j’ai rencontré sur mon chemin ». Elle m’a dit : « Ce sont tes bons actes, tu les as affaiblis au point qu’il n’a plus eu aucune puissance contre tes mauvaises actions. » Je lui ai dit : « Ô ma fille, et que faites-vous donc dans cette montagne ? » Elle m’a répondu : « Nous sommes des enfants des musulmans, nous y habitons jusqu’au Jour du Jugement, nous vous attendons ; lorsque vous viendrez à nous, nous intercéderons en votre faveur. »

Malik Ibnou Dinar a dit : « Je me suis alors réveillé de mon sommeil terrorisé, apeuré et au matin j’ai abandonné tout ce que je faisais auparavant, j’ai fait le repentir à Allah ^azza wajall, et voilà quelle fut la raison de mon repentir. »

Mes honorables frères de foi, il se peut que Allah ta^ala manifeste à l’homme des leçons de morale, des annonces de bonne nouvelle, des avertissements qui soient une cause pour son repentir. Les moralités sont nombreuses mais les gens qui en tirent des leçons sont peu nombreux. Alors, à nous de nous repentir avant que ne vienne un Jour où le regret ne sera plus utile. Faisons en sorte d’apprendre ce que Allah ta^ala nous a ordonné d’apprendre, car l’apprentissage de la science de la religion fait partie des meilleures choses auxquelles nous puissions consacrer le plus précieux de notre temps.

Allah ta^ala n’a pas ordonné à Son prophète dans le Qour’an honoré de demander à augmenter en quoi que ce soit, si ce n’est en science. Allah ta^ala dit :

] وَقُل رَّبِّ زِدْنِي عِلْمًا [

[sourat Taha /114] (waqoul Rabbi zidni ^ilma)

« Et dis : Ô Seigneur augmente mon savoir. »

Le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

))لَا يَشْبَعُ مُؤْمِنٌ مِنْ خَيْرٍ يَسْمَعُهُ حَتَّى يَكُوْنَ مُنْتَهَاهُ الجَنَّة ((

(la yachba^ou mou’minoun min khayrin yasma^ouhou hatta yakouna mountahahou l-jannah)

« Un croyant ne se lasse jamais d’un bien qu’il entend jusqu’à ce qu’il arrive au Paradis. »

Alors mes bien-aimés, empressez-vous d’assister aux assemblées de science de la religion, dans lesquelles on apprend ce qui est licite, et où l’on met en garde contre ce qui est illicite. Persévérez dans ces assemblées de science dans lesquelles les gens occupent leur temps à faire l’un des actes d’obéissances les plus honorés, un acte qui fait partie des actes les plus précieux.

Rappelez-vous que le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

)) مَا مِنْ مُسْلِمٍ يَأْتِي المَسِجِدَ لَيْسَ لَهُ هِمَّةٌ إِلاَّ أَنْ يَتَعَلَّمَ أَوْ يُعَلِّمَ إِلَّا كَانَ لَهُ أَجْرُ حَجَّةٍ وَعُمْرَةٍ تَامَّتَيْنِ ((

(ma min mouslimin ya’ti l-masjida layça lahou himmatoun ‘il-la ‘an yata^allama ‘aw you^allima ‘il-la kana lahou ‘ajrou hijjatin wa^oumratin tammatayn)

« Il n’y a pas un musulman qui se rende à la mosquée en ayant comme unique intention d’apprendre ou d’enseigner, sans qu’il n’ait la récompense d’un Pèlerinage surérogatoire et d’une ^Oumrah surérogatoire et complets. »

Voici mes propos et je demande à Allah de me pardonner ainsi qu’à vous-mêmes.