Imam At-Tahawiyy Khoutbah

Khoutbah n°1212 : Le traité de croyance de l’Imam At-Tahawiyy

Dieu est exempt des limites, des fins, des côtés, des membres et des petits organes, Il n’est pas contenu dans les six directions comme c’est le cas de toutes les créatures. 

Khoutbah n°1212

Discours du vendredi 16 décembre 2022, correspondant au 21 joumada l-‘oula 1444 de l’Hégire.

Le traité de croyance de l’Imam AtTahawiyy

الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

Louanges à Dieu, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous recherchons Son pardon, nous demandons qu’Il nous guide. Nous recherchons la préservation de Dieu contre le mal de nos âmes et de nos mauvais actes. Celui que Dieu guide, c’est lui qui est bien guidé, et celui qu’Il égare, tu ne pourras lui trouver aucun allié pour le guider.

Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, Il n’a pas de semblable ; quoi que tu imagines dans ton esprit, Dieu en est différent. Quiconque qualifie Dieu par l’une des significations des humains a commis une mécréance. Je témoigne que notre maître, notre bien-aimé, notre guide, la cause de notre joie محمّد Mouhammad, est l’esclave de Dieu et Son Messager, celui qu’Il a élu, celui qu’Il agrée le plus. Dieu l’a envoyé avec la bonne guidée et la religion de vérité, en tant que guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur d’un châtiment, appelant à la religion que Dieu a toujours agréée, par Son vouloir éternel, et en tant que flambeau resplendissant. Dieu a guidé par sa cause la communauté, par sa cause Il a levé le voile de la confusion, et par sa cause Il a fait sortir les gens des ténèbres vers la lumière, que Dieu le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué un prophète pour sa communauté. Ô Dieu, honore et élève davantage en degré notre maître محمّد Mouhammad, ainsi que sa famille et ses compagnons bons et purs et ceux qui les ont suivis parfaitement jusqu’au Jour du jugement.

Après quoi, esclaves de Dieu, je vous recommande ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Dieu votre Seigneur, Lui Qui dit dans Son livre honoré, dans la sourate آلِ عِمْرانۡ Ali ^Imra:

﴿ رَّبَّنَآ إِنَّنَا سَمِعۡنَا مُنَادِيٗا يُنَادِي لِلۡإِيمَٰنِ أَنۡ ءَامِنُواْ بِرَبِّكُمۡ فَ‍َٔامَنَّاۚ ﴾

(Rabbana ‘innana sami^na mounadiyan younadi lil-‘imani ‘an ‘aminou biRabbikoum fa’amanna

ce qui signifie : « Seigneur nous avons entendu quelqu’un qui a appelé à la foi en disant : “Croyez en votre Seigneur”, et nous avons été croyants. »

Sache que Dieu a rendu obligatoire à Ses esclaves de croire en Lui, de croire en Son unicité. Il est indispensable, pour la validité de la foi d’avoir une bonne croyance. C’est pour cela et pour insister sur l’attention que l’on doit porter à la croyance, que les savants ont composé, par le passé et encore récemment, des ouvrages importants dans la croyance. Parmi les plus connus à avoir été rédigés dans ce domaine, il y a l’épître de l’Imam du Salaf Abou Ja^far AtTahawiyy le hanafite, qui est connu sous le nom Al-^Aqidatou tTahawiyyah –Le Traité de croyance de l’Imam AtTahawiyy–. Avant de parler de l’importance de cette épître de science religieuse, il convient de rappeler, même succinctement, qui est l’Imam AtTahawiyy. Nous disons qu’il s’agit du grand Imam Ahmad fils de Mouhammad fils de Salamah AtTahawiyy l’Égyptien le hanafite. Il est né en 229 de l’Hégire et il est décédé en 321 de l’Hégire. Sa tombe se trouve à Al-Qarafah, elle est connue et visitée. Il fait partie des gens des trois premiers siècles de l’Hégire, qui sont concernés par l’éloge qu’en a fait le Prophète عليه الصلاة والسلام par sa parole :

(( خَيْرُ النَّاسِ قَرْنِي ثُمَّ الَّذِينَ يَلُونَهُمْ ثُمَّ الَّذِينَ يَلُونَهُمْ ))

(khayrou n-naci qarni thoumma l-ladhina yalounahoum thoumma l-ladhina yalounahoum) qui signifie : « Les meilleurs des gens sont ceux de mon siècle, puis ceux qui les suivront, puis ceux qui les suivront » [rapporté par At-Tirmidhiyy d’après ^Imran Ibnou l-Housayn]. Les gens vertueux de ces trois siècles, ce sont eux qui sont désignés par l’expression as-salafou ssalih –le Salaf vertueux. AtTahawiyy était digne de confiance, honorable, Imam, son mérite est très largement reconnu dans la population. Il a appris auprès de son oncle maternel Al-Mouzaniyy Ach-Chafi^iyy, pendant un certain temps, puis il a changé pour étudier l’école hanafite. Ibnou ^Açakir a dit dans son Histoire de Damas : « Il était le chef des disciples de Abou Hanifah en Égypte ». Il a entendu le حديث hadith de plus de cent chaykh, et plus de trente dignitaires ont rapporté de lui, des hafidh, des faqih, des qadi, parmi lesquels le hafidh AtTabaraniyy et d’autres. Adh-Dhahabiyy a dit dans la Biographie de AtTahawiyy : « C’est l’Imam, la sommité de la science musulmane, le grand hafidh, le mouhaddith et faqih des demeures d’Égypte. »

Étant donné que l’Imam AtTahawiyy faisait partie des Imams du salaf vertueux qui ont œuvré sur la voie de la bonne guidée agréée par Dieu, avec une connaissance des preuves, et de ceux qui n’ont pas lésiné sur leurs efforts pour diffuser la voie du salaf notamment dans la croyance basée sur le Livre et la Sounnah, son traité –La croyance de AtTahawiyy– se présente comme un guide qui indique la voie de la vérité. La communauté l’a recueilli avec approbation et Dieu a fait que ce livre soit accepté dans les cœurs. Il se peut que le secret en soit la sincérité de son auteur ; aucun des gens de science qui soient dignes d’être pris en considération, ne s’est donc opposé à ce qu’il contient. Il en a composé les termes selon la terminologie des Imams des maîtres hanafites, c’est pourquoi il a dit dans l’introduction de son livre : « Voici la mention de l’exposé de la croyance de Ahlou s-Sounnah wal-Jama^ah selon la voie des savants de la communauté, Abou Hanifata n-Nou^man Ibnou Thabit Al-Koufiyy, Abou Youçouf Ya^qoub Ibnou Ibrahim Al-‘Ansariyy et أبُو عَبْدِ الله Abou ^Abdi l-Lah Mouhammad Ibnou l-Haçan Ach-Chaybaniyy, que l’agrément de Dieu soit accordé à eux tous, c’est l’énoncé de ce qu’ils ont eu pour croyance concernant les fondements de la religion et de ce qu’ils ont eu pour religion par recherche de l’agrément du Seigneur des mondes. »

Pour composer son ouvrage, AtTahawiyy a donc employé la méthode de ces trois Imams du point de vue du style. Mais du point de vue du contenu de cette croyance, c’est bien la croyance de tous les croyants depuis l’époque du Messager de Dieu صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وسَلَّم jusqu’à la fin des temps.

Nous rappellerons ici certaines des paroles de l’Imam AtTahawiyy choisies parmi ce qui est parvenu dans ce Traité de croyance de bonne guidée, afin que tous ceux qui cherchent la vérité y trouvent la bonne guidée. AtTahawiyy a dit à propos de l’exemption de Dieu تعالى :

( اللهَ واحِدٌ لا شَرِيكَ لَهُ ولا شَىْءَ مِثْلُهُ ولا شَىْءَ يُعْجِزُهُ ولا إِلَهَ غَيْرُه، قَدِيمٌ بِلا ابْتِداءٍ دائِمٌ بِلَا انْتِهاءٍ لا يَفْنَى ولا يَبِيدُ ‏ولا يَكُونُ إِلَّا ما يُرِيدُ لا تَبْلُغُهُ الأَوْهامُ ولا تُدْرِكُهُ الأَفْهامُ ولا يُشْبِهُ الأَنام. )

« Certes Dieu est unique, Il n’a pas d’associé, rien n’est Tel que Lui, rien ne Le rend incapable, il n’y a pas d’autre dieu que Lui, Il est exempt de début, Il n’a pas de commencement, Il est éternel, Il n’a pas de fin, Il ne s’anéantit pas, Il ne disparaît pas, et n’a lieu que ce qu’Il veut. Les illusions ne L’atteignent pas, les compréhensions ne Le cernent pas, Il n’a pas de ressemblance avec les créatures. »

Parmi ce qui est parvenu également dans ce Traité de croyance :

( وتَعالَى (أَيْ تَنَزَّهَ) عَنِ الحُدُودِ والغاياتِ والأَرْكانِ والأَعْضاءِ والأَدَواتِ لا تَحْوِيهِ الجِهاتُ السِّتُّ كَسائِرِ المُبْتَدَعاتِ. )

« Il est exempt –c’est-à-dire qu’Il n’est pas du tout concerné par– des limites, des fins, des côtés, des membres et des petits organes, Il n’est pas contenu dans les six directions comme c’est le cas de toutes les créatures. » Le sens de son propos est que Dieu n’est pas concerné par la limite. La limite, c’est la quantité. Il n’est donc pas possible au sujet de Dieu qu’Il ait une limite, une étendue ou une quantité. Le fait de nier la limite à Son sujet revient à nier le fait qu’Il soit un corps. Quant à sa parole : « des fins », les fins, ce sont les extrémités d’une chose. Il y a dans cela une insistance pour nier la quantité et le corps au sujet du Seigneur des mondes. Les côtés signifient les bords, le bord droit et le bord gauche. Quant aux membres, c’est quelque chose de spécifique aux corps. Quant au sens des petits organes, ce sont les plus petites parties du corps, comme la langue. Sa parole : « Il n’est pas contenu dans les six directions comme c’est le cas de toutes les créatures » indique l’exemption explicite de l’endroit et du corps, parce que l’endroit, c’est l’espace occupé par un corps, et le corps, c’est ce qui occupe une partie de l’espace. Dès lors qu’il a confirmé que Dieu n’est pas contenu dans les six directions, qui sont le haut, le bas, la droite, la gauche, l’avant et l’arrière, il a indiqué que Dieu n’occupe pas une partie de l’espace. Par conséquent, Dieu n’est pas un corps, il n’est pas contenu par les directions, comme le sont toutes les créatures. Tel est le sens véritable indiqué par la parole de AtTahawiyy, il n’y a donc aucune considération à donner, après cette explication, à ceux qui disent mensongèrement que Dieu est un corps et qui tentent de déformer la parole de cet illustre Imam.

Après que AtTahawiyy a explicité la croyance de vérité en des termes plus raffinés que l’or, sa parole est un argument imparable à opposer à tous ceux qui prétendent que les Imams du Salaf n’ont pas abordé de tels sujets et que ce ne serait qu’une innovation des savants les plus récents. Il a terminé sa parole en disant : « Voilà quelle est notre religion, notre croyance, en apparence et en notre for intérieur, nous renions selon le jugement de Dieu tous ceux qui contredisent ce que nous avons mentionné et exposé. Nous demandons à Dieu de faire que nous persévérions sur la foi, qu’Il nous accorde de finir notre vie sur cette foi, qu’Il nous préserve des mauvaises passions, des opinions divergentes et des voies médiocres. » Ainsi, sa parole : « en apparence et en notre for intérieur » signifie : « Ce que nous croyons par nos cœurs, c’est ce que nous disons. » Il indique donc par cela qu’il est indispensable que l’apparence soit conforme au for intérieur de la croyance, parce que la contradiction entre l’apparence et le for intérieur dans la croyance est l’une des caractéristiques des hypocrites.

Après avoir éclairci ce point, que l’on sache que ce que nous venons d’indiquer, c’est exactement la voie sur laquelle étaient les gens du salaf vertueux, et c’est la voie de vérité. Que l’on prenne garde de se laisser tromper par tout ce qui pourrait le contredire et serait mensongèrement attribué au Salaf, alors que le Salaf en est absolument innocent, tout comme le loup n’a rien à voir avec le sang dont on avait tâché la chemise de يوسف Youçouf عَلَيْهِ السَّلام.

Ayant tenu mes propos, je demande que Dieu me pardonne ainsi qu’à vous-même.

Second Discours :

الحمد لله والصلاة والسَّلام على سيّدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله اللهم اغفِرْ للمؤمنين والمؤمنات.

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah
.

Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.