Khoutbah

Khoutbah n°1205 : L’envie

Parmi les maladies des cœurs, il y a l’envie. C’est le fait de détester qu’un musulman bénéficie d’un bienfait, ne pas le supporter et agir en suivant ce sentiment.

Khoutbah n°1205

Discours du vendredi 28 Octobre 2022 correspondant au 2 rabi^ al-‘akhir 1444 de l’Hégire

Parmi les Maladies des Cœurs : l’Envie

الحمد لله والصلاة والسلام على سيدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

Louanges à Dieu, nous Le louons, nous Lui demandons Son aide, nous L’implorons de nous guider sur le chemin de droiture et nous Le remercions. Nous Le supplions de nous pardonner et nous nous repentons à Lui. Nous demandons que Dieu nous préserve du mal de nos âmes et du mal de nos mauvaises œuvres. Celui que Dieu guide, personne ne peut l’égarer et celui qu’Il égare, personne ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, ni de similaire, ni de semblable, ni d’équivalent, et qu’Il est exempt d’avoir des dimensions, un corps et des membres. La louange est à Dieu Qui accorde la force de Lui obéir à qui Il veut parmi Ses créatures, par Sa grâce et Sa munificence, et Qui a fait que la générosité et le mérite s’obtiennent par la piété. Et la louange est à Dieu Qui rabaisse qui Il veut parmi Ses créatures par Sa volonté et Sa justice.

Et je témoigne que notre maître, notre bien-aimé, notre éminence et notre guide, la cause de notre joie, محمّد  Mouhammad, est Son esclave et Son Messager, l’élite de Ses créatures, celui que Dieu a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, en tant que guide annonciateur de bonnes nouvelles et avertisseur d’un châtiment et dont Il a fait la plus honorable de Ses créatures. Ô Dieu, élève davantage en degrés notre Maître محمّد  Mouhammad, ses proches musulmans et la fine fleur de ses compagnons et préserve sa communauté de ce qu’il craint pour elle.

Esclaves de Dieu, je vous recommande ainsi qu’à moi-même de faire preuve de piété à l’égard de Dieu العَلِيّ العَظِيم Al-^Aliyy Al-^Adhim, Lui Qui dit dans un verset explicite de Son Livre, dans la sourate الحَشۡر Al-Hachr :

﴿ يَـٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ ٱتَّقُواْ ٱللَّهَ وَلۡتَنظُرۡ نَفۡسٞ مَّا قَدَّمَتۡ لِغَدٖۖ وَٱتَّقُواْ ٱللَّهَۚ إِنَّ ٱللَّهَ خَبِيرُۢ بِمَا تَعۡمَلُونَ ١٨ ﴾

(ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Laha wal-tandhour nafsoun ma qaddamat lighadin wattaqou l-Laha ‘inna l-Laha khabiroun bima ta^maloun)

ce qui signifie : « Ô vous qui êtes croyants, faites preuve de piété à l’égard de Dieu et que chaque âme considère ce qu’elle a réservé pour l’au-delà. Faites preuve de piété à l’égard de Dieu, certes Dieu est Celui Qui sait ce que vous faites. »

Mes frères de foi, Dieu تبارك وتعالى nous ordonne dans ce verset de faire preuve de piété et de nous rendre des comptes à nous-mêmes, c’est-à-dire que chacun d’entre nous considère ce qu’il a préparé pour le Jour du jugement. S’il a agi en bien, qu’il remercie Dieu pour Sa grâce et qu’il veille à rester sur la droiture. S’il a agi en mal, qu’il se reprenne, qu’il demande pardon et corrige son cœur. Car dans l’au-delà, ni argent ni enfants ne seront utiles pour personne, sauf pour celui qui viendra avec un cœur sain de toute mécréance. Mes frères de foi, la sauvegarde du cœur a lieu en le purifiant des caractères blâmables et des maladies néfastes qui mènent la personne qui en est atteinte à sa perte.

Parmi les maladies des cœurs, il y a l’envie –al-haçad–. C’est le fait de détester qu’un musulman bénéficie d’un bienfait, ne pas le supporter et agir en suivant ce sentiment. Alors, mon frère musulman, fais attention : si tu vois que ton frère profite d’une grâce et que tu détestes qu’il l’ait reçue en trouvant cela insupportable dans ton cœur et en souhaitant qu’elle le quitte, et si tu décides dans ton cœur d’agir pour la faire disparaître, ou si tu dis ou fais quelque chose pour la faire disparaître, tu auras commis ainsi un péché.

Mes frères de foi, nous voyons de nos jours beaucoup de gens être atteints par cette maladie du cœur. Voilà que quelqu’un n’arrive pas à supporter le bienfait dont son frère bénéficie et déteste qu’il l’ait reçu ; il souhaite alors qu’il en soit privé et agit en conséquence pour l’en priver. Il se peut que cela l’amène à devenir injuste, à mentir, à ruser, à tout faire pour faire disparaître cette grâce que son frère a reçue. Mais toi, l’envieux, aimerais-tu qu’on te fasse la même chose ?!

Dans le قرآن Qour’an, Dieu a ordonné à Son prophète de demander la préservation contre le mal des envieux par Sa parole تعالى, dans la sourate الفَلَق Al-Falaq :

﴿ قُلۡ أَعُوذُ بِرَبِّ ٱلۡفَلَقِ ١ مِن شَرِّ مَا خَلَقَ ٢ وَمِن شَرِّ غَاسِقٍ إِذَا وَقَبَ ٣ وَمِن شَرِّ ٱلنَّفَّـٰثَٰتِ فِي ٱلۡعُقَدِ ٤ وَمِن شَرِّ حَاسِدٍ إِذَا حَسَدَ ٥ ﴾

(qoul ‘a^oudhou biRabbi l-falaq ; min charri ma khalaq ; wamin charri ghaçiqin ‘idha waqab ; wamin charri n-naffathati fi l-^ouqad ; wamin charri haçidin ‘idha haçad

Dieu a ordonné que l’on se préserve du mal des envieux quand ils envient, c’est-à-dire quand ils manifestent leur envie et agissent en conséquence ; c’est à ce moment-là que leur envie risque d’avoir un effet sur les autres. Mais s’il ne la manifeste pas, l’envieux seul en subira la nuisance, par sa contrariété du fait que cet autre a reçu ce bienfait.

Mon frère musulman, garde-toi de l’envie ! En effet, ce n’est qu’en raison de son envie, de sa jalousie, que l’un des fils de آدم Adam a assassiné son frère. Garde-toi de l’envie car certes, Dieu تبارك وتعالى est الرزّاق Ar-Razzaq, Celui Qui accorde la subsistance. Il a réparti la subsistance entre Ses esclaves. Il n’y a pas une âme qui consommera la subsistance de quelqu’un d’autre. Ce que Dieu a prédestiné a lieu et cela ne changera pas. C’est faire preuve d’une grande ignorance d’agir pour enlever un bienfait que ton frère a reçu pour en profiter toi-même. Car, s’il ne t’a pas été prédestiné, tu ne l’obtiendras jamais. À l’inverse, s’il t’a été prédestiné, nécessairement tu l’obtiendras. Alors, n’occupe pas ton cœur avec ça et sois satisfait de la part que Dieu t’a accordée, sinon tu iras à ta perte. Nous demandons à Dieu qu’Il nous protège.

Mes frères de foi, dans beaucoup de cas, la nuisance de l’envieux se retourne contre lui. Écoutez ce récit que le Hafidh Abou Nou^aym Al-‘Asbahaniyy rapporte dans Al-Hilyah de Bakr Ibnou عبد الله ^Abdi l-Lah. Il a dit : « Dans le passé, un roi avait un huissier[2] qu’il gardait à ses côtés et consultait souvent. Cet huissier lui disait : ‟Ô roi, agis avec bienfaisance avec le bienfaisant et laisse de côté le malfaisant, tu seras préservé de sa malfaisance.” Il se trouva qu’un homme l’avait envié en raison de sa proximité avec le roi et l’a calomnié en disant au roi : ‟Cet huissier, c’est quelqu’un qui dit aux gens que tu as mauvaise haleine !” Alors, le roi lui dit : ‟Comment pourrais-je le savoir ?” L’homme lui dit : ‟Lorsqu’il viendra, rapproche-le de toi pour lui parler, il va tenir son nez avec sa main.”

Ensuite, ce calomniateur est parti voir l’huissier et l’a invité pour lui offrir une sauce dans laquelle il avait mis beaucoup d’ail. Le lendemain, l’huissier s’est rapproché du roi pour lui parler et c’est alors qu’il a mis sa main sur sa bouche. Sur ce, le roi lui ordonna de s’éloigner, et il demanda qu’on lui donne une plume et une feuille. Il écrivit une lettre qu’il scella et dit à l’huissier : ‟Va voir Untel !” Or la récompense du roi était –habituellement– de cent mille pièces.

L’huissier étant sorti, le calomniateur vint à sa rencontre en lui disant : ‟Qu’est-ce que c’est ?” Il lui répondit : ‟C’est le roi qui me l’a donnée.” Alors, le calomniateur lui demanda s’il pouvait la lui donner, et l’huissier la lui remit.

Le calomniateur prit la lettre et se rendit chez Untel. Mais lorsqu’ils ouvrirent la lettre, ils appelèrent les égorgeurs. Sur ce, le calomniateur dit : ‟Craignez Dieu, c’est une erreur qui est tombée sur moi, vous n’avez qu’à demander au roi !” Ils lui répondirent : ‟On ne peut pas revenir au roi. Il est écrit dans la missive : “Quand le porteur de cet écrit arrivera, égorgez-le, dépecez-le et empaillez-le, puis envoyez-le-moi !” Alors, Ils l’égorgèrent, le dépecèrent ; et renvoyèrent sa dépouille chez le roi.

Lorsque le roi vit cela, il s’en étonna et dit à l’huissier : ‟Viens m’expliquer et dis-moi la vérité, quand tu t’es approché de moi pour me parler, pourquoi as-tu mis la main sur ton nez ?” L’huissier répondit au roi : ‟Cet homme m’avait invité à sa table en m’offrant une sauce dans laquelle il y avait mis beaucoup d’ail. Il m’en a fait à manger. Lorsque je me suis approché de vous, je ne voulais pas vous déranger avec l’odeur de l’ail ! ” Alors, le roi lui dit : ‟Reviens à ta place et continue à me dire ce que tu me disais !” Et le roi lui fit parvenir une grande somme d’argent. »

Ô Dieu, nous Te demandons de nous protéger.

Ayant tenu mes propos, je demande à Dieu qu’Il me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.

Second Discours :

الحمد لله والصلاة والسَّلام على سيّدنا محمّد رسول الله يا أيّها الذين آمنوا اتّقوا الله اللهم اغفِرْ للمؤمنين والمؤمنات

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah
.

Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.

[2] Le mot huissier est utilisé en tant que traduction du terme arabe حاجب (hajib ). Il s’agit d’une charge politique auprès de certains rois : le « hajib » agit comme chef du protocole et gestionnaire du palais.