Khoutbah

Khoutbah n°1071 : La Mi-Cha^ban (mi-Chaaban)

La nuit de la mi-Cha^ban est une nuit bénie. Le Prophète honoré nous a incités à veiller cette nuit et à jeûner le jour qui la suit c’est-à-dire le 15 Cha^ban.

Khoutbah n°1071

Discours du vendredi 3 avril 2020 correspondant au 10 cha^ba1441 de l’Hégire.

La Mi-Cha^ba

Al-hamdou lil-Lahi [1] wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammad, raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

La louange est à Allah, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous L’invoquons afin qu’Il nous accorde d’être sur la voie droite, nous Le remercions, nous recherchons Son Pardon et nous nous repentons à Lui. Nous demandons à Allah qu’Il nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer, et celui que Allah égare, nul ne peut le guider.

Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, qu’Il n’a ni semblable, ni pareil, ni aucun équivalent, qu’Il n’a ni limite, ni corps, ni organes. Il est Ahad, Il n’admet ni division ni composition, Il est Samad, Ses créatures s’adressent à Lui dans la nécessité, Il n’engendre pas et Il n’est pas engendré, Il n’a pas d’équivalent.

Et je témoigne que notre maître et notre bien-aimé, notre éminence et notre guide, celui qui fait luire nos yeux d’amour et de nostalgie, Mouhammad, est Son esclave et Son messager, Son élu et Son bien-aimé, celui que Allah a envoyé comme miséricorde pour les mondes, guide indiquant la bonne voie, annonciateur de bonne nouvelle pour ceux qui obéissent et avertisseur d’un châtiment pour ceux qui désobéissent. Que Dieu le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué chacun de Ses prophètes. Et que Allah honore et élève davantage en degré notre maître Mouhammad, ainsi que ses proches musulmans et ses compagnons bons et purs.

Esclaves de Allah, je vous recommande, ainsi qu’à moi-même, de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Aliyy Al-^Adhim, faites preuve de piété, ô vous qui êtes dotés de raison.

Chers frères de foi, voici qu’approche la mi-Cha^ban. Que Allah fasse qu’elle revienne à nous et à vous et à toute la communauté avec le bien et les bénédictions. Il convient que nous nous rappelions mutuellement certaines des œuvres de bien qui nous sont parvenues et que notre Prophète éminent a incité à accomplir durant la nuit de la mi-Cha^ban, en espérant que Allah nous pardonne nos péchés et nous fasse miséricorde. En effet, chacun d’entre nous ne sait pas laquelle de ses œuvres sera acceptée et sera la cause de sa sauvegarde et de sa protection du châtiment au Jour du jugement.

Ibnou Majah a rapporté du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam qu’il a dit :

(( إِذا كانَتْ لَيْلَةُ النصْفِ مِنْ شَعْبانَ فَقُومُوا لَيْلَها وصُومُوا نَهارَها ))

(‘idha kanat laylatou n-nisfi min Cha^bana faqoumou laylaha wasoumou naharaha)

« Lorsque c’est la nuit de la mi-Cha^ban, veillez sa nuit et jeûnez sa journée. »

Ainsi, le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam nous a orientés, nous a enseigné, nous a guidés vers le fait de veiller la nuit de la mi-Cha^ban et de jeûner sa journée. Ce qui est visé par « la nuit » dans ce hadith, c’est la nuit qui précède la journée de la mi-Cha^ban qui est la quinzième journée du mois de Cha^ban.

Et le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam nous a incités à veiller cette nuit en faisant des prières, car la prière est un acte de bien qui nous a été accordé. Celui qui veut, en profite beaucoup, et celui qui veut, il n’en fait pas beaucoup.

Le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam nous a incités à faire des invocations durant cette nuit. Dans une version de Al-Bayhaqiyy, le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

(( فَإِنَّ اللهَ تَعَالَى يَقُولُ أَلاَ مِنْ مُسْتَغْفِرٍ فَأَغْفِرَ لَهُ أَلاَ مِنْ مُسْتَرْزِقٍ فَأَرْزُقَهُ أَلاَ مِنْ سَائِلٍ فَأُعْطِيَهُ أَلاَ كَذا أَلاَ كَذا حَتَّى يَطْلُعَ الفَجْرُ ))

(fa’inna l-Laha ta^ala yaqoulou ‘ala min moustaghfirin fa’aghfir lahou ‘ala min moustarziqin fa’arzouqahou ‘ala min sa’ilin fa’ou^tiyahou ‘ala kadha ‘ala kadha hatta yatlou^a l-fajr)

« Allah ta^ala dit : Y a-t-il quelqu’un qui demande le pardon ? Je lui pardonne. Y a-t-il quelqu’un qui demande une subsistance ? Je la lui accorde. Y a-t-il quelqu’un qui demande une chose ? Je la lui accorde. Est-ce que … ceci ? Est-ce que … cela ? Et ce, jusqu’au lever de l’aube. »

Et il est bien connu, chers bien-aimés, que la parole de Allah n’est pas de lettre, ni de sons, ni un langage. Absolument rien n’est pareil à Lui et Il est Celui Qui entend, Celui Qui voit.

Dans les invocations réside donc un bien éminent. Allah ^azza min qa’il dit dans sourat Al-Baqarah :

﴿وَإِذَا سَأَلَكَ عِبَادِي عَنِّي فَإِنِّي قَرِيبٌۖ أُجِيبُ دَعۡوَةَ ٱلدَّاعِ إِذَا دَعَانِۖ فَلۡيَسۡتَجِيبُواْ لِي وَلۡيُؤۡمِنُواْ بِي لَعَلَّهُمۡ يَرۡشُدُونَ﴾

(fa’idha sa’alaka ^ibadi ^anni fa’inni qariboun ‘oujibou da^wata d-da^i ‘idha da^ani falyastajibou li walyou’minou bi la^allahoum yarchoudoun)

« Si Mes esclaves t’interrogent à Mon sujet, dis-leur que Je suis Celui Qui sait tout d’eux et Qui exauce rapidement. J’exauce l’invocation de celui qui invoque lorsqu’il M’invoque, alors qu’ils répondent à Mon appel et qu’ils croient en Moi, puissent-ils être bien guidés. »

Ici les mots (‘inni qarib) dans le verset signifient que Allah sait tout de nous et exauce rapidement, car Allah est exempt de la distance, il est impossible qu’Il en soit caractérisé.

Sachez, chers frères de foi, que ce que Allah veut de toute éternité que cela ait lieu aura lieu immanquablement et ce qu’Il ne veut pas de toute éternité que cela ait lieu n’aura pas lieu. Le changement est impossible au sujet de Allah, car le changement est l’une des caractéristiques des créatures. La volonté de Allah ne change pas suite à l’invocation de celui qui invoque ni suite à l’aumône de celui qui la donne.

Quant à ce qui est parvenu dans le hadith :

(( لَا يَرُدُّ القَضَاءَ إِلَّا الدُّعَاءُ ))

(la yarouddou l-qada’a ‘il-la d-dou^a) ce qui en est visé, c’est la destinée conditionnée. Il y a en effet ce qui est de l’ordre de la destinée conditionnée et ce qui est de l’ordre de la destinée inéluctable, c’est-à-dire qui aura lieu quoi qu’il arrive.

La destinée conditionnée, c’est par exemple quand il est inscrit dans les livrets des anges qu’Untel subira telle épreuve et demeurera ainsi pendant telle période sauf s’il invoque pour que l’épreuve lui soit levée : s’il fait cette invocation, l’épreuve lui sera levée immédiatement après l’invocation, sinon il restera dans l’épreuve toute cette période. Ou bien si Untel entretient les relations avec ses proches parents ou s’il agit avec bienfaisance avec ses parents, il vivra jusqu’à cent ans, ou bien il lui sera donné tant et tant de subsistance et de santé, et s’il ne le fait pas, il vivra jusqu’à soixante ans et ne recevra pas cette subsistance et cette santé.

Cependant, Allah sait laquelle des deux éventualités aura lieu, rien n’échappe à Sa science, et Il veut de toute éternité ce qu’Il sait que cela aura lieu, Sa volonté ta^ala ne change pas. Cela ne veut pas dire que la prédestination éternelle de Dieu, qui est Son attribut, est conditionnée par le fait que telle personne agisse ou que telle personne invoque, non ! Allah sait ce qui arrivera à cet esclave et s’il fera une invocation ou pas.

Dès lors, on a su que celui pour qui Allah a voulu de mourir autrement que sur l’Islam, il mourra sur autre chose que l’Islam. Et celui pour qui Allah a voulu qu’il meure sur la foi, immanquablement il mourra sur la foi, et cela ne change pas suite à l’invocation de celui qui invoque, ni suite à l’aumône de celui qui la verse, ni suite à l’entretien des liens familiaux de celui qui les maintient, ni suite à la bienfaisance envers un père ou une mère.

Certaines personnes ont coutume de se réunir la nuit de la mi-Cha^ban pour réciter une invocation qu’ils appellent « l’invocation de la mi-Cha^ban » alors qu’elle n’a jamais été rapportée d’une manière authentifiée du Messager de Allah ni d’aucun de ses compagnons.

Au tout début, ils disent : يا مَنْ يَمُنُّ ولَا يُمَنُّ عَلَيه (ya man yamounnou wala youmannou ^alayh

Puis elle comporte des expressions dont le sens apparent laisse croire que la volonté et la prédestination éternelles de Allah changeraient. Quelqu’un qui n’a pas appris la croyance, il se peut qu’il ne comprenne pas ces expressions dans le sens requis et il pourrait croire que Allah change Sa volonté pour celui qui dit cette invocation. Mais croire au changement de la volonté de Allah fait sortir de l’Islam, que Dieu nous en préserve.

L’expression en question, c’est leur parole dans l’invocation mentionnée : (‘in kounta katabtani fi ‘oummi l-kitabi ^indaka chaqiyyan famhou ^anni ch-chaqa’a wa’athbitni ^indaka sa^ida) certains pourraient en comprendre : « Ô Seigneur si Tu as voulu pour moi le malheur, alors change Ta volonté. » Cette compréhension est infondée et fausse, car Allah ta^ala ne change pas Sa volonté. Tous les attributs de Allah sont exempts de début, exempts de fin, ils ne leur arrivent pas de changement, ni de modification, ni d’évolution.

Mais si quelqu’un en comprend : « Ô Seigneur, si mon état est actuellement l’état des gens voués au malheur dans l’au-delà, des gens qui sont noyés dans les péchés, alors change mon état pour l’état des gens heureux qui sont sur la piété », cette compréhension est saine et ne comporte pas de préjudice, car nous tous, nous demandons à Allah ta^ala qu’Il nous accorde de mourir sur l’état des gens vertueux et heureux.

Et c’est pourquoi, et en raison du danger qui réside dans la mauvaise compréhension de cette invocation, je vous incite mes frères, à dire d’autres invocations, et notamment les invocations qui, elles, ont une chaîne authentifiée jusqu’au Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam. Et elles sont ô combien nombreuses ! Il y en a qui sont citées dans le livre Riyadou sSalihiet il y en a qui sont citées dans d’autres livres.

Jeûnez, frères dans la foi, la journée de la mi-Cha^ban et veillez sa nuit. Il a été rapporté dans le hadith authentique rapporté par Ibnou Hibban :

(( يَطَّلِعُ اللهُ إِلى خَلْقِهِ في لَيْلَةِ النِّصْفِ مِنْ شَعْبانَ فَيَغْفِرُ لِجَمِيعِ خَلْقِهِ إِلَّا لِمُشْرِكٍ أَوْ مُشَاحِنٍ ))

(yattali^ou l-Lahou ‘ila khalqihi fi laylati n-nisfi min Cha^bana fayaghfirou lijami^i khalqihi ‘il-la limouchrikin ‘aw mouchahin)

« Allah ta^ala distingue la nuit de la mi-Cha^ban par un mérite particulier : Il y accorde un pardon à toutes Ses créatures [musulmanes et croyantes] exceptés aux associateurs et aux gens haineux. »

À savoir que Allah ta^ala distingue la nuit de la mi-Cha^ban par ce mérite d’y accorder une miséricorde particulière à Ses créatures, car sinon, Allah sait tout de Ses créatures, rien de ce qui les concerne ne Lui échappe à aucun moment.

Ainsi, Il pardonne à l’ensemble de Ses esclaves croyants sauf à ceux qu’Il a exceptés. Il pardonne à certains musulmans une partie de leurs péchés et à certains autres musulmans la totalité de leurs péchés. Quant aux mécréants, Allah ne leur pardonne pas ni à ceux qui se sont disputés, qui ont une animosité et ont gardé une haine envers un autre musulman pour des sujets du bas monde.

Que chacun d’entre nous veille à réparer ses relations avec son frère musulman, qu’il pardonne, qu’il excuse, qu’il chasse de son cœur toute rancœur envers un musulman avant cette nuit-là. Puisse Allah nous faire miséricorde et nous pardonner nos péchés.

Ayant tenu mes propos, je demande que Allah Al-^Adhim me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.

Second Discours[1] :

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.

Chers frères de foi, le jeûne fait partie des actes les plus éminents qui rapprochent de l’agrément de Allah, puisque l’esclave délaisse sa nourriture et sa boisson pour gagner l’agrément de Allah.

Cependant l’acceptation des œuvres nécessite deux choses : la première l’intention sincère pour l’agrément de Allah ta^ala et la deuxième la conformité avec les règles de la religion.

Ainsi le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

(( إِنَّ اللهَ لَا يَقْبَلُ مِنَ العَمَلِ إِلَّا مَا كانَ خالِصًا للهِ وابْتُغِيَ بِهِ وَجْهُهُ ))

(‘inna l-Laha la yaqbalou mina l-^amali ‘il-la ma kana khalisan lil-Lahi wabtoughiya bihi wajhouh)

« Allah n’accepte parmi les œuvres que ce qui est fait sincèrement pour Lui et par lequel on recherche Son agrément et Sa récompense »

Et le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

(( مَنْ عَمِلَ عَمَلًا لَيْسَ عَلَيْهِ أَمْرُنَا فَهُوَ رَدٌّ ))

(man ^amila ^amalan layça ^alayhi ‘amrouna fahouwa radd)

« Celui qui accomplit une œuvre qui n’est pas conforme à notre religion alors elle est rejetée »

Il est donc indispensable d’avoir l’intention sincère par recherche de l’agrément de Allah ta^ala et d’œuvrer conformément à la Loi. La personne ne doit pas s’engager dans quoi que ce soit sans savoir ce que Allah en a rendu licite et ce que Allah en a rendu interdit et qu’il sache que c’est conforme à la Loi de Allah ta^ala.

Entre autre, il y a le jeûne surérogatoire de la dernière moitié de Cha^ban. Il n’est pas permis de la jeûner si la personne n’a pas commencé à jeûner avant, selon l’imam Ach-Chafi^iyy, que Allah l’agrée. Il est ainsi parvenu dans le hadith de Abou Dawoud :

(( إِذَا انْتَصَفَ شَعْبانُ فَلَا تَصُومُوا ))

(‘idha ntasafa Cha^banou fala tasoumou)

« Lorsque c’est la deuxième moitié de Cha^ban alors ne jeûnez pas. »

C’est-à-dire ne faites pas de jeûne surréragatoire sans cause particulière. Toutefois, si quelqu’un a jeûné le quinze de Cha^ban, il lui est permis de continuer à jeûner les jours suivants tant que c’est un jeûne en continuité d’un jeûne précédent. Mais s’il ne jeûne pas une journée, il ne pourra plus reprendre de jeûne jusqu’à ce que vienne Ramadan, sauf s’il doit rattraper des jeûnes ou s’il doit jeûner en expiation, dans ces cas-là, il lui est permis de jeûner. De même s’il avait coutume de jeûner des jours particuliers, par exemple tous les lundis ou tous les jeudis, il lui est permis de continuer à les jeûner pendant la deuxième moitié de Cha^ban même si ce n’est pas en continuité avec des jours de la première moitié du mois.

[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.