Khoutbah

Khoutbah n°1044 : Explication d’un verset

Ce bas monde est une terre de semence pour l’au-delà, et la tombe est le coffret des œuvres. Alors, bonheur à celui qui aura fait preuve de bienfaisance et de piété et qui aura terminé sa vie avec de bonnes œuvres.

 

Khoutbah n°1044

Discours du vendredi 27 septembre 2019 correspondant au 28 al-mouharram 1441 de l’Hégire.

La ‘ayah 

﴿وَأَمَّا مَنۡ خَافَ مَقَامَ رَبِّهِۦ﴾

Al-hamdou lil-Lahi [1] wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

La louange est à Allah, et encore, la louange est à Alla; la louange est à Allah et salut et paix à Ses esclaves qu’Il a élus. La louange est à AllaCelui Qui est unique, Qui ne se divise pas, Qui n’est pas multiple, Dont toutes les créatures ont besoin alors que Lui n’a besoin de rien, Celui Qui n’engendre pas et Qui n’est pas engendré et Qui n’a pas d’équivalent. Nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous Le remercions, nous recherchons Son Pardon et nous nous repentons à Lui. Nous demandons que Allah nous préserve du mal de nos âmes et du mal de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide, c’est lui qui est bien guidé, et celui que Allah égare, tu ne trouveras personne qui pourra le guider.

Que l’élévation en degré et la préservation des craintes quant au sort de sa communauté, les plus parfaites et les plus accomplies, soient accordées à notre maître Mouhammad, le Maître des fils de ^Adnan. Lui que Allah a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur d’un châtiment, appelant à la religion que Allah agrée par Sa volonté, flambeau éclatant et lune resplendissante. Allah a guidé sa communauté par sa cause et l’a débarrassée grâce à lui de la perplexité. Il a transmis le message et mené à bien la mission qui lui a été confiée. Il a conseillé la communauté. Que Allah le récompense pour nous de la meilleure récompense qu’Il ait jamais accordée à l’un de Ses prophètes.

Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, qu’Il est le dieu unique, Qui n’a pas d’associé, Il a envoyé Son messager avec la bonne guidée et la religion de vérité, pour la faire paraître sur toute la terre, même si cela doit déplaire aux non musulmans. Et je témoigne que notre maître Mouhammad est Son esclave et Son messager, Son élu et Son bien-aimé, la louange est à Allah Qui l’a envoyé comme miséricorde pour les mondes et comme Imam pour ceux qui font preuve de piété.

Ceci étant dit, je vous recommande ainsi qu’à moi-même de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Aliyy, Celui Qui a la supériorité sur Ses créatures par la contrainte et la toute-puissance, Al-^Adhim, Celui Qui est plus éminent que tous ceux qui ont une éminence, Qui est exempt de tout caractère physique. Ce bas monde est une résidence de passage et non pas une résidence où s’établir. Ce bas monde est une terre que l’on sème pour la récolter dans l’au-delà. Et la tombe est le coffret des œuvres. Alors, bonheur à celui qui aura fait preuve de bienfaisance et de piété et qui aura terminé sa vie avec de bonnes œuvres. Allah ta^ala dit dans le Qour’an honoré :

﴿وَأَمَّا مَنۡ خَافَ مَقَامَ رَبِّهِۦ وَنَهَى ٱلنَّفۡسَ عَنِ ٱلۡهَوَىٰ فَإِنَّ ٱلۡجَنَّةَ هِيَ ٱلۡمَأۡوَىٰ﴾

[sourat An-Nazi^at / 40 et 41] (wa‘amma man khafa maqama Rabbihi wanaha n-nafsa ^ani l-hawa fa‘inna l-jannata hiya l-ma’wa) ce qui signifie : « Quant à celui qui a craint le jugement de son Seigneur et qui a empêché son âme de suivre ses [mauvais] penchants, alors sa résidence sera le Paradis. »

Allah tabaraka wata^ala sait les regards furtifs interdits et Il sait ce que les cœurs dissimulent. Il sait tous les états des esclaves : ce qui en paraît extérieurement et ce qui est caché intérieurement. L’esclave vertueux gagnant est celui qui aura suivi le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam, qui se sera attaché à ses conseils, à ses préceptes et à ses directives. L’esclave vertueux sauvé est celui qui aura craint le Jour du jugement, c’est cela le sens de la parole de Allah ta^ala :

﴿وَأَمَّا مَنۡ خَافَ مَقَامَ رَبِّهِۦ﴾

(wa‘amma man khafa maqama Rabbih)

c’est-à-dire, celui qui craint l’interrogatoire lorsqu’il sera jugé et qui s’est préparé pour ce qui vient après la mort. Et ce, contrairement à ceux qui craignent le scandale dans le bas monde et qui ne se préparent pas pour ce qui vient après la mort, qui ne se préparent pas pour le Jour de l’interrogatoire, au Jour de l’exposition des œuvres.

Quant à celui qui craint l’interrogatoire de son Seigneur au Jour du jugement, c’est celui qui s’y prépare en évitant les interdits, en évitant les choses défendues et en s’acquittant des devoirs que Allah tabaraka wata^ala a ordonnés,

﴿وَأَمَّا مَنۡ خَافَ مَقَامَ رَبِّهِۦ وَنَهَى ٱلنَّفۡسَ عَنِ ٱلۡهَوَىٰ﴾

(wa‘amma man khafa maqama Rabbihi wanaha n-nafsa ^ani l-hawa)

c’est à dire : celui qui craint l’interrogatoire de son Seigneur, qui craint les questions du Jour du jugement et empêche son âme de suivre ses mauvaises passions.

Les passions blâmables sont ce vers quoi penche l’âme qui pousse au mal, vers ce qui comporte une interdiction dans la religion agréée par Allah tabaraka wata^ala, comme par exemple aimer dominer les gens. C’est le cas de l’aîné d’une fratrie qui prend les biens de ses frères sous prétexte de veiller sur eux après la mort de leur père, il a en lui ce penchant vers la domination. C’est le cas aussi de l’épouse qui, parce qu’elle aime prendre le dessus et être autoritaire, n’obéit plus à son mari. Il en est de même pour certains associés qui s’engagent dans des transactions d’argent.

Parmi les penchants de l’âme, il y a ceux qui sont apparents et ceux qui sont dissimulés. C’est ainsi que certains associés montrent, en s’engageant, une satisfaction mutuelle apparente, mais tu trouves plus tard qu’ils sont devenus envieux et haineux au point que la dissension entre eux pourrait presque les mener à s’entretuer. L’amour de l’argent, l’amour du bas monde et l’amour de la domination se sont emparés du cœur de beaucoup de gens.

Parmi les penchants cachés de l’âme, il y a l’attachement de certains individus à paraître et à subjuguer les gens en prétendant être des chaykh soufis, alors qu’ils sont vides de science. Tout cela pour avoir un pouvoir et une emprise sur les autres, de sorte que les gens viennent leur embrasser les mains, leur amener des cadeaux et leur faire des dons, alors qu’ils sont dépourvus de science. Il arrive que l’on trouve l’un d’eux qui prétend être un saint et avoir des prodiges, alors qu’il n’a pas encore accompli les devoirs et ne s’est pas abstenu des péchés.

Parmi ces gens-là, il y a ceux qui organisent des assemblées sous prétexte de faire du dhikr. Au lieu de dire : « Allah, Allah, Allah ! », tu les vois s’occuper de la mélodie tout en déformant le nom de Allah tabaraka wata^ala. Ils dansent, se penchent tantôt à droite tantôt à gauche. L’amour du paraître a amené leurs cœurs à pencher vers les mélodies au lieu de se préoccuper de la validité des termes du dhikr. C’est ainsi qu’au lieu de dire par exemple : « la ‘ilaha ‘il-la l-La», en veillant à bien prononcer et à bien articuler les termes, avec une bonne intention, au contraire tu les vois qui ne prêtent aucune attention à tout cela. Tout ce qu’ils y trouvent, c’est la mélodie et le fait de danser sur ces airs.

Certains déforment le nom de Allah en disant : « soubhanalla » (sans prononcer la lettre ha à la fin) ou « al-hamdou lil-la » (sans prononcer la lettre ha à la fin). Ce faisant, ils enlèvent des lettres du nom de Allah. Il y a ceux qui dévient en nommant Allah par des noms qu’il est interdit de Lui attribuer. C’est le cas de celui qui nomme Allah : “la puissance créatrice” alors que Allah se qualifie Lui-même dans le Qour’an par Sa parole :

﴿ذُو ٱلۡقُوَّةِ﴾

(dhou l-qouwwah) c’est-à-dire Celui Qui a pour attribut la puissance. Il n’est pas permis de dire de Allah qu’Il serait une puissance. Aussi, il n’est pas permis de dire au sujet de Allah qu’Il serait une science, ou une puissance, ou une volonté. On dit plutôt que Allah a pour attribut la puissance, la volonté, l’ouïe, la vue, la parole, la science, la vie et l’exemption de fin. On ne dit pas que Allah serait une puissance, on ne dit pas que Allah serait amour. Il n’est pas permis de nommer Allah par un nom dont l’autorisation n’est pas parvenue dans les textes de la religion. En effet, Allah ta^ala dit :

﴿وَلِلَّهِ ٱلۡأَسۡمَآءُ ٱلۡحُسۡنَىٰ فَٱدۡعُوهُ بِهَاۖ وَذَرُواْ ٱلَّذِينَ يُلۡحِدُونَ فِيٓ أَسۡمَـٰٓئِهِۦۚ﴾

[sourat Al-‘A^raf / 180] (walil-Lahi l-‘asma’ou l-housna fad^ouhou biha wadharou l-ladhina youlhidouna fi ‘asma’ih) ce qui signifie : « Allah a les noms parfaits, invoquez-Le par ces noms-là et laissez ceux qui dévient en nommant Allah par des noms qu’il est interdit de Lui attribuer. »

L’attachement aux mauvais penchants ! Certains suivent leurs passions, leur âme les incite au mal et les pousse à aimer le pouvoir, à aimer amasser l’argent et à se montrer hautains vis-à-vis des gens. Ils trompent les gens, ils prennent l’argent destiné aux orphelins, aux veuves, aux pauvres et aux miséreux sous prétexte de servir la cause de l’Islam alors que c’est pour le mettre dans leurs poches, s’en servir pour eux-mêmes, le distribuer à leurs propres enfants et à leurs épouses, et construire avec leurs maisons. Cet argent, ils le prennent au nom du soutien des orphelins, des veuves, de l’agrandissement d’une mosquée ou d’un centre islamique.

﴿وَأَمَّا مَنۡ خَافَ مَقَامَ رَبِّهِۦ﴾

(wa‘amma man khafa maqama rabbih) ce qui signifie : « Quant à celui qui craint l’interrogatoire au Jour du jugement »

﴿وَنَهَى ٱلنَّفۡسَ عَنِ ٱلۡهَوَىٰ﴾

(wanaha n-nafsa ^ani l-hawa) c’est-à-dire qui a interdit à son âme de suivre (al-hawa) qui signifie les mauvaises passions, ce vers quoi penche l’âme et qui comporte une interdiction dans la religion. Et Allah nous apprend :

﴿وَأَمَّا مَنۡ خَافَ مَقَامَ رَبِّهِۦ وَنَهَى ٱلنَّفۡسَ عَنِ ٱلۡهَوَىٰ فَإِنَّ ٱلۡجَنَّةَ هِيَ ٱلۡمَأۡوَىٰ﴾

(wa‘amma man khafa maqama rabbihi wanaha n-nafsa ^ani l-hawa fa‘inna l-jannata hiya l-ma’wa) ce qui signifie : « Quant à celui qui craint l’interrogatoire de son Seigneur au Jour du jugement et qui interdit à son âme de suivre ses passions, il sera récompensé par le Paradis. »

Mes bien-aimés musulmans, Allah tabaraka wata^ala a fait savoir que l’âme incite au mal. Il nous a mis en garde contre le fait de la suivre, et la plupart des gens ont une âme qui les pousse au mal. Certains d’entre eux se cachent sous une barbe, d’autres sous une djellaba, d’autres sous un turban et certains se cachent derrière une voie soufie. Les désirs du bas monde se sont emparés d’eux. Celui donc qui n’apprend pas ce qui est indispensable de connaître de la science de la religion sera la risée du chaytan et de ses aides parmi les humains. La science veille sur toi, quant à l’argent, c’est toi qui veille sur lui. Alors, cherche à obtenir ce qui va veiller sur toi avant de chercher à obtenir ce sur quoi tu devras veiller. Certains savants ont dit au sujet de l’âme qui pousse à faire le mal :

Et contredis ton âme ainsi que le chaytan,

Désobéis-leur et ne suit aucun des deux.

Et s’ils prétendent te donner un conseil,

Remets-le vite en cause, délaisse-le sur le champ.

À ce sujet, il a été rapporté du Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam:

(( رُبَّ مُكْرِمٍ لِنَفْسِهِ وَهُوَ لَهَا مُهِينٌ ))

(roubba moukrimin linafsihi wahouwa laha mouhin) ce qui signifie : « Combien sont ceux qui veulent honorer leur âme alors qu’ils ne font que la rabaisser. »

Il se peut que deux voitures se télescopent sur la route lors d’un embouteillage ou d’un accident, et que l’un des deux conducteurs sorte sa main pour tendre le poing ou relâche sa langue et insulte le Seigneur de celui qui l’a heurté par derrière. Il pense en lui-même qu’il n’aura honoré son âme qu’en agissant de la sorte, qu’en tendant le poing. Ou quand il insulte le Créateur ou qu’il insulte le Seigneur de l’autre, il pense que c’est l’unique moyen d’honorer son âme, alors qu’en réalité il l’a humiliée. Celui-là aura mené son âme à sa perte, que Dieu exempt d’imperfection nous en préserve ! Car pour avoir tendu le poing pour frapper l’autre injustement, il aura mérité un châtiment douloureux et lorsqu’il aura relâché sa langue et insulté son Seigneur, il se sera mené à sa perte par la mécréance qu’il a commise. Nous demandons à Allah tabaraka wata^ala de nous en préserver.

Alors, dans la difficulté comme dans le bien-être, dans la pauvreté tout comme dans la richesse, attachons-nous aux prophètes, eux qui font partie des gens qui patientent face aux épreuves et qui agissent avec bienfaisance avec ceux qui, pourtant, ont mal agi envers eux. Il se peut qu’un mari agisse mal envers son épouse et qu’elle ne trouve personne pour la conseiller. Au contraire, la plupart des gens de son entourage la poussent à détruire son foyer conjugal et l’incite à demander le divorce, au lieu de les ramener à la patience ou de leur conseiller de répondre au mal par du bien. Il se peut également que l’épouse agisse mal envers son mari ; et au lieu que les gens de son entourage prennent l’initiative d’arranger la situation, beaucoup d’entre eux œuvrent pour détruire son couple et élargir le fossé qui s’est creusé entre eux. Il convient à celui qui est éprouvé de patienter face aux épreuves. Il convient qu’il soit bienfaisant envers ceux qui ont mal agi envers lui.

Quelle est la raison pour laquelle de nombreuses personnes se plongent puis se noient dans les passions de leur âme ? Quelle est la raison pour laquelle la plupart des gens se mettent à frapper, à insulter, à maudire et à trahir, à s’emparer des biens des orphelins injustement et à consommer les biens de leur épouse injustement ? C’est le bas monde, l’amour du bas monde ! Que Dieu nous en préserve ! Et la raison en est l’ignorance dans la religion. À ce sujet, il a été rapporté que le Prophète de Allah ^Iça fils de Maryam a fait l’éloge de la communauté du Prophète Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam en disant :

(( عُلَمَاءُ حُكَمَاءُ كَأَنَّهُمْ مِنَ الفِقْهِ أَنْبِيَاءُ ))

(^oulama’ou houkama’ou ka’annahoum mina l-fiqhi ‘anbiya) ce qui signifie : « Ils seront savants, sages, ils seront par leur science tels des prophètes»

Il n’a pas dit qu’ils seront comme des prophètes par leurs adorations, tant ils feront de prières de nuit par exemple, mais il a bien dit : « par leur science » ! Il est donc indispensable pour chacun d’entre nous, de s’instruire dans la religion agréée par Allah afin de savoir ce que Allah a rendu permis et ce qu’Il a rendu interdit. Afin de savoir ce qu’il nous est permis et ce qu’il nous est interdit de consommer et de boire, ce qu’il nous est permis de regarder pour en tirer du plaisir et ce qu’il ne nous est pas permis de regarder, ce qu’il nous est permis de demander à autrui et ce qu’il ne nous est pas permis de demander, ce qui est permis de demander à son épouse et ce qui lui est permis de demander à son époux, ainsi que ce qui est interdit. Certes, il n’est de protection contre les péchés que par la préservation de Allah et il n’est de force pour accomplir le bien qu’avec l’aide de Allah.

Ayant tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.

 Second Discours[1] :

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.                          

[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui serait amené à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.

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