Khoutbah

Khoutbah n°1043 : Parmi les maladies du cœur, l’orgueil

Le cœur est le chef des organes, les actes des organes sont une expression de ce qui réside dans le cœur. Si le cœur est vertueux, tous les organes seront vertueux.

 

Khoutbah n°1043

Discours du vendredi 20 septembre 2019 correspondant au 21 al-mouharram 1441 de l’Hégire.

Parmi les maladies du cœur, l’orgueil

Al-hamdou lil-Lahi [1] wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

La louange est à Allah, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous Le remercions, nous recherchons Son pardon, nous nous repentons à Lui, nous demandons à Allah qu’Il nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide nul ne peut l’égarer et celui qu’Il égare nul ne peut le guider.

Je témoigne qu’il n’est de dieu que Dieu, qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé ni de semblable, ni de forme ni d’image, ni de membre. Je témoigne que notre maître, notre bien-aimé, notre éminence et notre guide, la cause de notre joie Mouhammad, est Son esclave et Son messager, celui qu’Il a élu et qu’Il agrée le plus. Ô Allah, honore et élève davantage en degré et préserve sa communauté de ce qu’il craint pour elle notre maître Mouhammad, celui qui est une cause de guérison des cœurs et des corps, ainsi que sa famille honorée et ses compagnons bons et purs.

Ô vous esclaves de Allah, je vous recommande ainsi qu’à moi-même de faire preuve de piété à l’égard de Allah, Al-^Aliyy, Al-^Adhim, Lui Qui dit dans Son Livre qui ne comporte pas d’incohérence :

﴿وَلَا تَقۡفُ مَا لَيۡسَ لَكَ بِهِۦ عِلۡمٌۚ إِنَّ ٱلسَّمۡعَ وَٱلۡبَصَرَ وَٱلۡفُؤَادَ كُلُّ أُوْلَـٰٓئِكَ كَانَ عَنۡهُ مَسۡ‍ُٔولٗا وَلَا تَمۡشِ فِي ٱلۡأَرۡضِ مَرَحًاۖ إِنَّكَ لَن تَخۡرِقَ ٱلۡأَرۡضَ وَلَن تَبۡلُغَ ٱلۡجِبَالَ طُولٗا كُلُّ ذَٰلِكَ كَانَ سَيِّئُهُۥ عِندَ رَبِّكَ مَكۡرُوهٗا﴾

[sourat Al-‘Isra’ / 36,37,38] (wala taqfou ma layça laka bihi ^ilmoun ‘inna s-sam^a wal-basara wal-fou’ada koullou ‘oula’ika kana ^anhou mas’oula ; wala tamchi fi l-‘ardi marahan ‘innaka lan takhriqa l-‘arda walan tablougha l-jibala toula ; koullou dhalika kana sayyi’ouhou ^inda Rabbika makrouha) ce qui signifie : « Ne parle pas sans science. Certes, sur son ouïe, sa vue et son cœur, sur tout cela, [l’esclave] rendra des comptes. Et ne marche pas sur terre avec arrogance ; car, certes, tu ne vas pas transpercer la terre et tu n’égaleras pas les montagnes en hauteur. Toutes ces mauvaises choses, celui qui les commet ne sera pas agréé par ton Seigneur. »

Mes frères de foi, il y a, dans ces ‘ayah, l’indication que chacun rendra des comptes sur son ouïe, sur sa vue et sur son cœur, tout comme chacun rendra des comptes sur la totalité de ses organes. Le cœur étant le chef des organes, les actes des organes sont une expression de ce qui réside dans le cœur. Si le cœur est vertueux, tous les organes seront vertueux. Mais si le cœur est corrompu, tous les organes seront corrompus. Et le cœur ne sera vertueux qu’en se soignant et en se débarrassant des maladies du cœur.

Mes frères de foi, parmi les maladies du cœur qui sont interdites dans ces ‘ayah, il y a l’orgueil envers les esclaves de Allah. Ne marche pas à la manière des orgueilleux, car certes, tu ne vas pas laisser des crevasses dans la terre en la foulant par la force de tes pas. Tout comme tu ne parviendras pas à hauteur des montagnes en allongeant le cou et tu ne les égaleras jamais en puissance. L’orgueil est tel que l’a défini le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam :

(( الكِبْرُ بَطَرُ الحَقِّ وغَمْطُ النّاسِ ))

[rapporté par Mouslim] (al-kibrou batarou l-haqqi waghamtou n-nas) ce qui signifie : « L’orgueil, c’est rejeter la vérité et mépriser les gens. »

C’est-à-dire que l’orgueil a deux sens : c’est le fait de rejeter la vérité et c’est mépriser les gens. À partir de là, il y a deux catégories d’orgueilleux. Dans la première catégorie, il y a celui qui rejette la vérité énoncée par celui qui la lui dit, tout en sachant qu’il a raison, du simple fait que celui qui la lui dit est plus jeune ou qu’il a moins de pouvoir. Il trouve alors difficile de revenir à la vérité étant donné l’état de celui qui a dit la vérité. Pharaon n’a été mené à sa perte qu’à cause de son orgueil. En effet, malgré les miracles qu’il a vus de la part du prophète de Dieu Mouça ^alayhi s-salam, il n’a pas cru en lui puisque son ministre Haman lui a dit : « Si tu crois en Mouça, tu vas devenir un adorateur après avoir été adoré. »

Les fils de ‘Israil, à qui notre maître ^Iça ^alayhi s-salam a été envoyé et qui ont vu ses miracles, eux aussi n’ont été menés à leur perte qu’à cause de leur orgueil, ils ont dit : « Nous allons perdre notre pouvoir ! »

Quant à Abou Lahab et les hauts dignitaires de Qouraych, après avoir vu les miracles du Qour’an et après avoir reconnu qu’il ne relevait pas de la poésie ou de la prose qu’ils connaissaient bien, ils n’ont été menés à leur perte qu’à cause de leur orgueil.

Quant à la seconde catégorie d’orgueilleux, en fait partie celui qui considère qu’il est meilleur que les autres. Ainsi, il considère qu’il est parfait, il apprécie son état tout en oubliant que son état est une grâce de la part de Allah. En outre, il est hautain envers les esclaves de Allah. Il les méprise du fait qu’ils ont un rang social moins élevé que lui, moins d’argent que lui, moins de force que lui ou moins de personnes dans leur famille que lui.

Mes frères de foi, le fait de mépriser les gens n’est pas limité aux riches ni à ceux qui ont le pouvoir ; cela existe même chez des gens bien différents. Il se peut qu’un mari considère que son épouse ne comprend rien contrairement à lui. Alors il la méprise par son cœur et se montre hautain envers elle, sans pour autant y prêter attention. Il se peut qu’un père considère que son fils a moins de connaissance et d’expérience que lui, alors il le méprise par son cœur sans pour autant s’en rendre compte. Il se peut qu’un enseignant considère que son élève a moins de science et de compréhension que lui, alors il le méprise par son cœur, sans pour autant s’en rendre compte, et ainsi tout à l’avenant.

Mes frères de foi, Allah ta^ala a interdit à Ses esclaves de faire preuve d’orgueil. Allah ta^ala dit dans le Qour’an en rapportant les paroles par lesquelles Louqman a exhorté son fils :

﴿ وَلَا تُصَعِّرۡ خَدَّكَ لِلنَّاسِ ﴾

(wala tousa^^ir khaddaka lin-nas) ce qui signifie : « Ne détourne pas ton visage en présence des gens. » c’est-à-dire : « Ne te détourne pas d’eux par orgueil mais fais face au gens en leur offrant ton visage, ne leur présente pas un côté de ton visage de profil, comme le font les orgueilleux. » Allah ta^ala dit :

﴿وَلَا تَمۡشِ فِي ٱلۡأَرۡضِ مَرَحًاۖ إِنَّ ٱللَّهَ لَا يُحِبُّ كُلَّ مُخۡتَالٖ فَخُورٖ﴾

(wala tamchi fil-‘ardi maraha ‘inna l-Laha la youhibbou koulla moukhtalin fakhour) ce qui signifie : « Ne marche pas avec orgueil et vanité, certes Allah n’agrée pas ceux qui en font preuve. » 

Ô toi qui es orgueilleux, tu es fier de l’argent que tu possèdes ? Qaroun avait des trésors si nombreux que même les gens très forts ne pouvaient pas porter les clés de ses coffres. Pourtant il a été enseveli, lui et ses trésors.

Ô toi l’orgueilleux, tu es fier de ton pouvoir ? Pourtant Pharaon a péri noyé. Sa souveraineté et ses hommes ne lui ont été d’aucune utilité.

Ô toi l’orgueilleux, tu es fier de ta puissance physique ? Pourtant une rage de dents te fait rester au lit.

Tu t’enorgueillis de ta science ? Pourtant, elle ne provient pas de ton intelligence. Il s’agit de ce que les gens ont rassemblé avant toi. Pourquoi te considères-tu meilleur que les autres et pourquoi méprises-tu les autres ? Tu as débuté ton existence, tu étais un mélange de spermes, et tu la finiras, tu seras un cadavre. Pour quelle raison es-tu imbu de toi-même, alors que tu es sorti de là où tu sais deux fois, alors que la mort va venir t’anéantir prochainement.

Mes frères de foi, celui qui surveille son cœur, saura que si Allah ta^ala lui a accordé un mérite sur autrui par un surcroît de raison, de science, de compréhension ou d’argent, c’est une grâce de la part de Allah ta^ala et non pas en raison d’un mérite qui lui serait propre. En effet, il n’est pas le créateur de sa propre intelligence, ni de sa raison, ni de ses connaissances, ni de sa compréhension. Il convient donc de remercier son Seigneur. De même, il convient de faire miséricorde à celui qui a moins que soi. Également, il convient d’être modeste, car la modestie est l’une des meilleures adorations. À ce sujet, il est parvenu de notre maître Mouhammad salla l-Lahou ^alayhi wasallam qu’il a dit :

(( إِنَّكُمْ لَتَغْفُلُونَ عَنْ أَفْضَلِ العِبَادَةِ التَّوَاضُع ))

[rapporté par le Hafidh Ibnou Hajar dans Al-‘Amaliyy] (‘innakoum lataghfoulouna ^an ‘afdali l-^ibadati t-tawadou^) ce qui signifie : « Vous, vous passez à côté d’un des meilleurs actes d’adoration : la modestie. »

Il a dit cela à cause du grand nombre de gens qui font preuve d’orgueil. Alors que si les gens étaient modestes, beaucoup d’animosité serait dissipée, l’envie et l’avarice disparaîtraient. Et ainsi, les gens seraient débarrassés de la fatigue due à la compétition et à l’orgueil. Ils accepteraient ce que Allah leur a accordé.

Alors, faites preuve de piété à l’égard de Allah. Et sachez que celui qui fait preuve de modestie par recherche de l’agrément de Allah, Allah l’élève en degrés. Que chacun d’entre nous vérifie ce qu’il a préparé pour l’au-delà, ce qu’il a préparé pour un Jour où ni les biens, ni les enfants ne lui seront plus d’aucune utilité, sauf pour celui qui y parviendra avec un cœur sain.

Ayant tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.

 

Second Discours[1] :

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadin raçouli l-Lah ;
ya ‘ayyouha l-ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

 

Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.

[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui serait amené à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.