Khoutbah

Khoutbah n°1015 : Gardez-vous de l’orgueil et de la vanité

Mes frères de foi, celui qui est intelligent, perspicace, c’est celui qui prend des provisions dans sa vie d’ici-bas pour son au-delà. C’est celui qui ne vend pas son au-delà contre un bien du bas monde. Au Jour du jugement une partie des gens iront au Paradis et une partie en enfer. Il s’agit des deux résidences, les gens n’en auront pas d’autre. Alors vois, mon frère laquelle tu choisis pour toi-même !

 

 

Khoutbah n°1015

Discours du vendredi 8 mars 2019, correspondant au 2 rajab 1440 de l’Hégire

Gardez-vous de l’orgueil et de la vanité

Al-hamdou lil-Lahi [1] wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

La louange est à Allah, nous Le louons, nous nous repentons à Lui et nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée et nous Le remercions. Nous demandons que Allah nous préserve du mal de nos âmes et de nos mauvaises actions. Celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer ; et celui qu’Il égare, nul ne peut le guider.

Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah qu’Il est le dieu unique et qu’Il n’a pas d’associé, ni de ressemblant, ni de semblable, ni d’équivalent, ni d’égal.

Et je témoigne que notre Maître, notre bien-aimé, notre éminence et notre guide, la cause de notre joie, notre Maître Mouhammad est Son esclave et Son messager, Son bien-aimé et celui qu’Il a élu, celui que Allah a envoyé en tant que miséricorde pour les gens, en tant que guide annonciateur de bonnes nouvelles et avertisseur d’un châtiment. Il a parfaitement transmis le message, il s’est acquitté de ce qui lui a été confié, il a donné le conseil à la communauté et a fourni son effort, un véritable effort, dans la voie que Allah agrée. Que Dieu le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué chacun de Ses prophètes.

Ô Allah, honore et élève davantage en degrés et préserve de ce qu’il craint pour sa communauté notre Maître Mouhammad ainsi que la famille de notre Maître Mouhammad, comme Tu as honoré et élevé davantage en degrés et préservé de ce qu’il craint pour sa communauté notre Maître Ibrahim ainsi que la famille de notre Maître Ibrahim. Et accorde Tes bénédictions à notre Maître Mouhammad ainsi qu’à la famille de notre Maître Mouhammad, comme Tu as accordé Tes bénédictions à notre Maître Ibrahim ainsi qu’à la famille de notre Maître Ibrahim. Certes Tu es Al-Hamid, Celui Qui mérite les louanges, Al-Majid, Celui Qui est glorifié.

Esclaves de Allah, faites preuve de piété à l’égard de Allah, et n’oubliez pas un jour où il sera dit :

(( لِمَنِ الْمُلْكُ اليَوْمَ، لِلَّهِ الواحِدِ القَهَّارِ ))

(limani l-moulkou l-yawm, lil-Lahi l-Wahidi l-Qahhar) ce qui signifie : « À qui appartient la souveraineté ce jour ? À Allah, Celui Qui est le dieu unique, Celui Qui domine toute chose par Sa toute-puissance. »

Faites donc preuve de piété à l’égard de Allah, Al-^Aliyyou l-Qadir, Lui Qui dit dans Son livre Honoré :

﴿يَـٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُواْ ٱتَّقُواْ ٱللَّهَ وَلۡتَنظُرۡ نَفۡسٞ مَّا قَدَّمَتۡ لِغَدٖۖ وَٱتَّقُواْ ٱللَّهَۚ إِنَّ ٱللَّهَ خَبِيرُۢ بِمَا تَعۡمَلُونَ﴾

(ya‘ayyouha l-ladhina ‘amanou ttaqou l-Laha wal-tandhour nafsoun ma qaddamat lighadin wattaqou l-Laha ‘inna l-Laha khabiroun bima ta^maloun) ce qui signifie : « Ô vous qui avez cru, faites preuve de piété à l’égard de Allah et que chacun considère ce qu’il a préparé pour le Jour dernier, et faites preuve de piété, certes, Allah sait tout ce que vous faites. »

La piété à l’égard de Allah, mes frères de foi, repose sur deux choses éminentes : accomplir les obligations et se garder des interdits… se garder des péchés. Aujourd’hui, nous parlerons, si Allah ta^ala le veut, d’un péché que les savants ont compté parmi les péchés du cœur : l’orgueil envers les gens (al-kibr), que Allah nous en protège. Ainsi, l’orgueil envers les gens, esclaves de Allah, fait partie des péchés du cœur et il est de deux sortes. La première, c’est de ne pas accepter la vérité, c’est-à-dire connaître la vérité et ne pas s’y conformer, ne pas s’en tenir à la vérité. La deuxième, c’est mépriser les gens. L’orgueil trouve son origine dans le cœur, même s’il se manifeste à travers les actes des organes. En effet, lorsque le cœur éprouve de l’orgueil, ses effets apparaissent sur les organes. Ainsi, l’orgueilleux méprise les pauvres ou les considère d’une façon hautaine, ou bien rejette la vérité énoncée par quelqu’un d’autre tout en sachant que ce qu’il dit est correct, parce qu’il est plus jeune ou a moins de réputation que lui. De même, il y a celui qui fait preuve d’orgueil dans sa façon de marcher, il marche avec la démarche des vaniteux par orgueil. Tout cela fait partie des grands péchés. Il est parvenu dans le hadith que les orgueilleux seront rassemblés au Jour du jugement en ayant la taille de petites fourmis rouges que les gens piétineront.

Mes frères de foi, vous avez à faire preuve de modestie. Effectivement, le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

(( إنَّكُم لَتَغْفُلونَ عَنْ أفْضَلِ العِبَادَةِ التوَاضُع ))

(‘innakoum lataghfoulouna ^an ‘afdali l-^ibadah : at-tawadou^) ce qui signifie : « Certes, vous négligez l’un des meilleurs actes d’adoration : la modestie. » C’est pour cela que les grands compagnons, que Allah les agrée, comptaient parmi les gens les plus modestes. Notre maître ^Oumar, que Allah l’agrée, alors qu’il se rendait à la joumou^ah –la prière du vendredi– et qu’il avait mis un vêtement que les musulmans portent à cette occasion, il est arrivé que, de la gouttière de l’habitation de Al-^Abbas, de l’eau et du sang de deux poules qui avaient été égorgées coulent sur lui. Il est donc reparti laver la partie souillée puis il a dit : « Qu’on retire cette gouttière. » On la retira donc. Par la suite, Al-^Abbas a dit : « Mais c’est le Messager qui l’a posée ! » ^Oumar avait alors dit : « On la remet comme elle était. » Il demanda à Al-^Abbas : « Monte sur mon dos et remets-la comme elle était. » L’Émir des croyants, ^Oumar, a dit à Al-^Abbas, l’oncle paternel du Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam : « Monte sur mon dos ! » Et comme il y était fermement résolu, Al-^Abbas est monté sur son dos et a remis la gouttière en place.

Le résultat de la modestie, mes frères, c’est d’être sauf de la vanité (al-fakhr). Allah ta^ala n’agrée pas la vanité de la part de Ses esclaves, que ce soit par le choix de l’habillement, ou de l’ameublement, ou du type d’habitation, ou des choses de ce genre. Si quelqu’un fait quelque chose par vanité, c’est-à-dire pour montrer qu’il a un avantage sur les gens et que les autres, eux, ne l’ont pas, il commet un grand péché. Ces gens qui mettent des vêtements luxueux par vanité, ou qui construisent des demeures fastueuses par vanité, ou qui roulent dans de voitures de luxe hors de prix par vanité, si Allah veut précipiter leur châtiment, Il les châtie dans ce bas monde avant même l’au-delà. Toutefois, Allah retarde le châtiment de la plupart des gens dans l’au-delà. Mais il se peut que Allah tabaraka wata^ala manifeste le châtiment de certains d’entre eux dans ce bas monde, afin que puissent en tirer des leçons ceux à qui Allah a voulu pour eux qu’ils en tirent une leçon.

Le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a parlé dans un hadith d’un homme qui avait vécu avant cette communauté, la communauté du Prophète Mouhammad ^alayhi ssalatou was-salam, qu’il marchait avec vanité en regardant à droite et à gauche. Ses vêtements et ses cheveux le remplissaient d’aise. Sa coiffure et la beauté de ses cheveux faisaient son admiration. Alors qu’il marchait ainsi avec vanité, Allah a ordonné à la terre de l’engloutir et il ne cesse depuis lors de dégringoler jusqu’au Jour du jugement. Cela veut dire qu’il tombe toujours plus bas, fortement secoué et bousculé, d’une crevasse à une autre.

Ainsi, la vanité consiste à faire tout cela pour attirer l’admiration des gens. Le vaniteux veut que les gens lui réservent une distinction particulière dans leur façon de le regarder et de l’admirer. Par conséquent, s’il s’habille avec de beaux habits par vanité, il commet un péché. S’il achète pour son habitation de beaux meubles par vanité, il commet un péché.  S’il roule dans une voiture de luxe par vanité, il commet un péché. Et s’il construit une maison par vanité, il commet un péché, c’est-à-dire un péché parmi les plus grands et les plus graves. Mais s’il fait tout cela pour s’embellir uniquement, et non pas par vanité, s’il met des vêtements élégants pour s’embellir seulement, pour se sentir bien, pas par vanité, ou s’il conduit une belle voiture pour le simple côté esthétique, et non par vanité, il ne se charge pas d’un péché.

Mon frère de foi, prend bien conscience de ce que je dis. Mon frère de foi, toi qui te fies à Allah, qui t’empresses d’obéir et qui t’éloignes de la désobéissance, écoute ce que je te récite des paroles de Abou l-^Atahiyah [traduites] :

Un morceau de pain sec                                 à manger dans un coin

Un verre d’eau fraîche                                    et pure à boire

Une chambre étroite                                       où trouver la tranquillité

Ou dans un recoin de mosquée                       en se tenant à l’écart

Dans lequel réviser ses notes                          appuyé contre un pilier

En tirant des leçons des évènements               des siècles révolus

Tout cela vaut bien mieux                               que les heures perdues

Dans les trésors et le luxe                               des palais érigés

Lorsqu’elles sont suivies                                d’une entrée dans un feu attisé

Ô Allah accorde-nous d’être au nombre de Tes esclaves modestes, détachés des passions du bas-monde, vertueux, persévérants dans l’adoration et l’accomplissement des actes rituels, éperdus d’amour envers Toi, ô Toi le plus miséricordieux de ceux qui font miséricorde, ô Toi le plus miséricordieux de ceux qui font miséricorde.

Ayant tenu mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.

 

Second Discours[1] :

Al-hamdou lil-Lahi wassalatou was-salamou ^ala sayyidina Mouhammadi r-raçouli l-Lah ; ya ‘ayyouha l-Ladhina ‘amanou t-taqou l-Lah.

Allahoumma ghfir lil-mou’minina wal-mou’minat.

[1] Il s’agit des piliers selon Ach-Chafi^iyy pour ceux qui seraient amenés à donner le discours entièrement en français. Les piliers devraient être dits en arabe.