Abou Hanifah

Le haut degré de l’Imam Abou Hanifah

L’Imam moujtahid Abou Hanifah est le fondateur de l’école de jurisprudence (madh-hab) hanafite. Il était moujtahid absolu (moutlaq) apte à déduire les lois à partir du Qour’an et de la Sounnah.

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Les spécialistes de l’histoire des biographies attribuent à l’Imam Abou Hanifah de nombreux évènements indiquant son intelligence et sa grande perspicacité.

L’Imam moujtahid Abou Hanifah que Allah l’agrée, n’aurait pas eu tant de science ni cette formidable capacité de donner des arguments s’il n’avait pas été extrêmement perspicace et s’il n’avait pas une capacité de mémorisation exceptionnelle. En effet, il a été confirmé à son sujet une multitude de choses étonnantes et surprenantes aussi bien dans le qada c’est-à-dire lorsqu’il prononçait les sentences entre les parties adverses, que dans la jurisprudence, ce qui témoigne de son haut degré et de son intelligence.

Un sage conseil

Parmi cela, il a été rapporté qu’un homme était venu à lui. Il lui a dit : « Imam, j’ai enterré de l’argent il y a longtemps mais j’ai oublié l’endroit où je l’ai enterré. »

C’est alors que l’Imam lui a dit « Va et passe toute la nuit en prières jusqu’au matin, tu te rappelleras si Allah le veut où tu as enterré cet argent. » L’homme a fait ce qu’il lui avait dit et avant même que ne s’écoule le premier quart de la nuit, il s’est souvenu de l’endroit où il avait enterré son argent. Il est alors parti voir l’Imam Abou Hanifah et lui a raconté cela. Abou Hanifah lui a dit : « Je savais que le chaytan –le diable– ne te laisserait pas passer toute la nuit à faire des prières. Maintenant, si tu passais le restant de la nuit en prières pour remercier Allah ? »

Sa piété

L’Imam Abou Hanifah, que Allah l’agrée, était un homme ascète, ayant la crainte de Allah, pieux, ayant beaucoup de crainte et d’humilité à l’égard de Allah et qui invoquait en permanence Allah ta^ala. Ibnou Khillikan a rapporté dans son livre Wafayatou l-‘A^yan d’après Açad fils de ^Amr qu’il a dit : « Abou Hanifah récitait tout le Qour’an dans un seul cycle de prière (rak^ah). Et on l’entendait pleurer pendant la nuit au point que ses voisins compatissaient avec lui. On a retenu de lui qu’il a récité sept mille fois le Qour’an du début jusqu’à la fin dans l’endroit où il est mort. »

Un de ses prodiges

Yazid Ibnou l-Koumayt a dit : « Abou Hanifah était de ceux qui avait une intense crainte de Allah dans leur cœur. » Il raconte « Un soir, ^Aliyy Ibnou l-Houçayn, a récité durant la prière du ^ichala sourate AzZalzalah alors qu’Abou Hanifah était derrière lui dans l’assemblée de prière. Lorsqu’il termina la prière et que les gens étaient partis, j’ai dirigé mon regard vers Abou Hanifah et il était encore assis, il méditait et il soupirait. Lorsque je suis sorti, j’ai laissé la chandelle contenant un tout petit peu d’huile. Elle était proche de l’extinction. Je suis revenu après la levée de l’aube et Abou Hanifah était debout. Il tenait sa barbe et disait : “Ô Toi Qui rétribue pour un grain de bien par du bien, ô Toi Qui rétribue pour un grain de mal par du mal, évite à Ton esclave An-Nou^man le feu de l’enfer et le mal qui rapproche du feu de l’enfer et accorde lui une part dans Ta large miséricorde.” Yazid a dit : “J’ai fait l’appel à la prière et la chandelle était toujours allumée.” –c’est-à-dire que la veille il l’avait laissée proche de l’extinction et le lendemain, elle brillait plus intensément– Lorsque je suis entré, il m’a dit : “Garde pour toi ce que tu as vu ! ” –en effet, ceci était un prodige que Allah a accordé à l’imam Abou Hanifah et il ne voulait pas être dévoilé– Et il a accompli deux rak^ah –c’est-à-dire une prière surérogatoire de deux cycles–, puis il s’est assis jusqu’à ce que je fasse l’appel à la prière. Il s’est levé et a fait la prière avec nous, la prière du matin avec le woudou’ du début de la nuit. »

Le Calife Al-Mansour avait voulu élever Abou Hanifah au rang de juge et Abou Hanifah lui avait répondu : « Crains Allah et ne confie ta sécurité qu’à quelqu’un qui craint Allah car par Allah je ne suis pas préservé de la satisfaction alors comment serais-je préservé de la colère ? Je ne conviens pas pour cela. » Al-Mansour avait dit : « tu mens, c’est toi qui conviens pour cela. » Alors il avait répondu : « Ainsi tu as jugé en ma faveur contre toi-même, comment élèveras-tu au rang de juge quelqu’un de menteur ? »

Yazid fils de ^Amr fils de Houbayrah Al-Fazzariyy, un émir, avait voulu qu’il soit juge à Koufa au temps de Marwan Ibnou l-Hakam mais il avait refusé. Il l’avait donc frappé de cent dix coups de fouet à raison de dix coup par jour, mais lorsqu’il avait constaté son obstination à refuser d’être juge, il avait fini par le relâcher.

Haroun Ar-Rachid témoigne en faveur de Abou Hanifah

Abou Youçouf Al-Qadi, que Allah lui fasse miséricorde, a grandi orphelin –dans la loi de l’Islam, l’orphelin est l’enfant qui n’a pas atteint l’âge de la puberté et dont le père est décédé– et fut le compagnon de Abou Hanifah, il a appris auprès de lui. Il demeura longtemps auprès d’Abou Hanifah sans occuper d’apprendre un métier grâce auquel il puisse vivre. C’est alors que la mère de Abou Youçouf était venue auprès de Abou Hanifah et s’en était plainte en le blâmant. Elle avait dit : « Il est la prunelle de mes yeux. » Abou Hanifah avait répondu à la mère de Abou Youçouf : « Réjouis ton cœur, il est en train d’apprendre comment manger du faloudhaj –c’est une sorte de plat sucré très raffiné– à l’huile de pistache. » Effectivement, lorsqu’il eut grandi, il est devenu le Qadi des qadi et mangeait auprès de Haroun Ar-Rachid qui était l’Émir des musulmans. On avait rapporté à Ar-Rachid cet événement et il avait dit : « Abou Hanifah voit grâce à une lumière que Allah lui accorde », c’est-à-dire qu’il a eu un dévoilement (kachf), Allah le lui a fait savoir.