Protection de la religion

Conditions de al ijtihad

La capacité d’interpréter les textes révélés demande de nombreuses et rares qualités. Durant l’époque du Messager, certains se sont risqués à donner des jugements (ijtihad) sans avoir atteint le degré de moujtahid ou moufti et le Messager les en a sévèrement blâmés. De nos jours, cela est malheureusement devenu courant.

Préservation Islam, ijtihad

La capacité d’interpréter les textes révélés demande de nombreuses et rares qualités. Durant l’époque du Messager, certains se sont risqués à donner des jugements (ijtihad) sans avoir atteint le degré de moujtahid ou moufti et le Messager les en a sévèrement blâmés. De nos jours, cela est malheureusement devenu courant.

Définition de al ijtihad

Faire un ijtihad, c’est extraire des jugements auxquels aucun texte explicite, c’est-à-dire n’acceptant qu’une seule signification, ne fait référence. Ainsi on ne peut pas faire un ijtihad sur un jugement auquel un texte explicite fait référence tel que l’interdiction de la consommation de viande d’un animal licite à la consommation mais qui n’a pas été égorgé selon la Loi de l’Islam.

La preuve claire et incontestable à ce sujet est la parole de Dieu (Allah) :

حرمت عليكم الميتة والدم ولحم الخنزير وما أُهلّ لغير الله به

 (hourrimat ^alaykoumou l-maytatou wad-damou wa lahmou l-khinziri wama ‘ouhilla lighayri l-Lahi bih) [Al-Ma’idah/3]

« Il vous est interdit de consommer la viande d’un animal non égorgé, le sang, la viande de porc [sanglier ou autres de la même espèce] et toute viande d’un animal sacrifié pour autre que Dieu. »

Ce jugement ne peut être remis en question.

Par ailleurs, il faut savoir que la Loi du Prophète Mouhammad ne change pas, elle ne sera pas abrogée. Bien au contraire, elle restera valable jusqu’à la fin des temps.

Qui est le moujtahid ?

Le moujtahid (ce terme dérive du mot ijtihad) est donc celui qui est qualifié pour faire al-ijtihad. Quelles sont ses qualités indispensables ?

  • Il doit connaître par cœur les 500 versets (‘ayah) et les 500 hadith qui concernent les jugements ainsi que leurs chaînes de transmission et le degré de fiabilité de ceux qui les ont transmis ;
  • Il doit aussi maîtriser ce qui abroge et ce qui est abrogé, ce qui est général et ce qui est particulier, ce qui est absolu et ce qui est conditionné,
  • Il doit posséder une maîtrise de la langue arabe de façon à connaître la signification des termes cités dans les textes, conformément à la langue dans laquelle a été révélé le Coran[1] (Qour’an).
  • Il doit aussi connaître ce qui a fait l’objet de l’unanimité des moujtahid et ce qui a fait l’objet de divergence entre eux car s’il ne connaît pas cela, il ne pourrait être certain de ne pas contredire l’unanimité c’est-à-dire l’unanimité de ceux qui l’ont précédé.
  • Il y a de surcroît une condition qui est un grand pilier dans la déduction des lois, c’est la perspicacité, c’est-à-dire la force de compréhension et le fait de saisir les différentes significations.
  • Il est aussi une condition que le moujtahid soit digne de confiance (^adl), à savoir, ne pas commettre de grands péchés, ne pas persister à commettre les petits péchés au point que leur nombre dépasserait celui de ses actes de bien et conserver la dignité de ses semblables.
  • De plus, la tâche du moujtahid qui lui est propre, c’est la déduction des jugements par analogie (al-qiyas) qui est de considérer le jugement qui n’a pas été sujet à un texte par analogie au jugement de ce qui a été sujet à un texte, en vertu de la similarité existant entre les deux.

Le grand mérite du moujtahid

C’est du moujtahid dont il est question dans la parole du Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam, rapportée par Al-Boukhariyy :

إِذَا اجْتَهَدَ الْحَاكِمُ فَأَصَابَ فَلَهُ أَجْرَانِ وَإِذَا اجْتَهَدَ فَأَخْطَأَ فَلَهُ أَجْرٌ

(‘idha jtahada l-hakimou fa’asaba falahou ‘ajran wa‘idha jtahada fa‘akhta’a falahou ‘ajr)

« Si le gouverneur fait un ijtihad et dit juste, il aura une récompense double. Mais s’il fait un ijtihad et fait une erreur, il aura une récompense. »

Si le Prophète a spécifié dans son hadith le gouverneur en le citant, c’est parce que le gouverneur a plus que tout autre besoin de déduire des lois. Certains moujtahid du Salaf ont exercé les fonctions de gouverneur. Tel était le cas des six Califes : Abou Bakr, ^Oumar, ^Outhman, ^Aliyy, Al-Haçan Ibnou ^Aliyy et ^Oumar Ibnou ^Abdi l-^Aziz ainsi que Chourayh Al-Qadi.

Soyez en garde contre les faux moujtahid ou moufti

Les savants et gens du commun qui n’ont pas atteint le haut degré de moujtahid sont appelés mouqallid : ils suivent les avis donnés par les moujtahid fondateurs de madh-hab. Si parmi les compagnons qui étaient environ 100 000, il y avait tout au plus 200 moujtahid, alors comment n’importe quel musulman qui récite le Qour’an et lit quelques livres, pourrait-il dire de façon valable : « ceux-là étaient des hommes et nous sommes des hommes, nous n’avons pas à les imiter. »

De plus, il a été confirmé que la plupart des gens du Salaf n’étaient pas moujtahid mais bien des mouqallid ; ils suivaient l’avis des moujtahid d’entre eux. La plupart de nos contemporains qui prétendent être moujtahid ou même être au dessus des 4 moujtahid dont le madh-hab est encore pratiqué sont des imposteurs, ils sont bien loin de ce degré.

Les faux moujtahid sont dangereux et le Messager les a blâmés

Il est donc nécessaire de se méfier des gens qui incitent leurs adeptes à pratiquer la déduction des lois, tout en étant eux-mêmes comme ceux qui les suivent, très loin de ce degré. Ceux-là détruisent et invitent ceux qui les suivent à détruire la religion. Semblables à eux, il y a des gens qui ont pris l’habitude dans leurs assemblées de donner à l’assistance l’interprétation d’une ‘ayah ou d’un hadith alors qu’ils n’ont pas reçu au préalable de transmission digne de considération de la bouche des savants. Ces  personnes se sont singularisées des savants de la science des fondements car ces derniers ont dit : « Al-qiyas (la déduction des jugements par analogie) est la tâche du moujtahid » ; et ils ont également contredit les savants du hadith.

A retenir :

Le moujtahid est celui qui est apte à déduire des jugements (ijtihad).

De nombreuses conditions sont nécessaires pour atteindre ce degré.

De nos jours, les faux moujtahid se sont malheureusement multipliés.


[1] On voit fréquemment ce mot écrit ainsi : Coran. Pour être plus proche de la prononciation dans la langue arabe, la Section de la Recherche et des Etudes Islamiques de l’APBIF a opté pour cette autre translittération : Qour’an. La lecture de ce mot en utilisant le tableau de translittération donne sa prononciation exacte. Pour en savoir plus sur la translittération…