À la une Abou Hanifah

Biographie de l’Imam ‘Abou Hanifah

L’Imam moujtahid Abou Hanifah est le fondateur de l’école de jurisprudence (madh-hab) hanafite. Il était moujtahid absolu (moutlaq) apte à déduire les lois à partir du Qour’an et de la Sounnah.

Abou Hanifah apbif ahbash

Abou Hanifah, le plus ancien des Quatre Fondateurs d’Écoles

L’Imam moujtahid Abou Hanifah est le fondateur de l’école de jurisprudence (madh-hab) hanafite. Il était moujtahid absolu (moutlaq) apte à déduire les lois à partir du Qour’an et de la Sounnah. Il a énormément insisté sur la propagation de la croyance en l’existence de Dieu sans endroit et sans comment auprès des gens. Il a dit entre autres : « Dieu existe de toute éternité alors qu’aucun endroit n’est de toute éternité, avant la création les créatures ; Il existe de toute éternité alors qu’il n’est de toute éternité ni endroit ni créatures ni aucune chose, et Il est le créateur de toute chose. »

Son nom et son ascendance

Il s’agit de Abou Hanifah An-Nou^man fils de Thabit. Le grand savant historien Ibnou Khil-likan a dit : « Abou Hanifah An-Nou^man est le fils de Thabit fils de Zouta fils de Mah, il est le spécialiste de jurisprudence originaire de la ville de Koufah –en Irak–. » Il a été dit dans sa lignée également qu’il est An-Nou^man fils de Thabit fils de An-Nou^man fils de Al-Mourzouban. Il est né en l’an 80 de l’Hégire et il est mort en l’an 150 de l’Hégire. Il faisait commerce de soie grège.

Le fondateur de l’un des quatre madh-hab réputés

L’Imam moujtahid Abou Hanifah a appris la science de la religion très jeune. Ensuite, il s’est occupé d’enseigner et de donner des avis de jurisprudence. Ayant atteint le degré de moujtahid, il est devenu qualifié pour extraire des lois à partir du Qour’an et du hadith.

Abou Hanifah que Allah l’agrée, est l’un des savants du Salaf les plus réputés, et il est le fondateur de l’école de jurisprudence (madh-hab) hanafite. Cette école est aujourd’hui majoritairement suivie en Turquie et en Asie centrale –Pakistan, Afghanistan, Ouzbékistan, …–. Toutefois, les Ottomans ayant veillé à diffuser cette école, on la retrouve également en Syrie, au Liban, en Egypte, en Palestine, en Jordanie et même en Tunisie.

Il a rapporté le hadith de six compagnons et d’environ deux cents successeurs

Il a pu rencontrer six hommes parmi les compagnons et a rapporté d’eux les hadiths. Ce sont :

  1. Anas Ibnou Malik,

  2. ^Abdou l-Lah Ibnou Anas,

  3. Wathilah Ibnou l-‘Asqa^,

  4. ^Abdou l-Lah Ibnou Abi ‘Awfa,

  5. ^Abdou l-Lah Ibnou Jouz’ AzZabidiyy

  6. et Ma^qal Ibnou Yasar.

Il a appris la science de la jurisprudence auprès de Hammad Ibnou Abi Soulayman. Il a également entendu de ^Ata’ Ibnou Abi Rabah, Abou Is-haq As-Sabi^iyy, Mouharib Ibnou Dathar et Al-Haytham Ibnou Habib AsSawwaf ainsi que Mouhammad Ibnou l-Mounkadir et Nafi^. Il a aussi rapporté de Abou Ja^far Mouhammad Ibnou ^Aliyy Ibnou l-Houçayn Ibnou ^Aliyy Ibnou Abi Talib, de Abou l-Haçan Zayd Ibnou l-Houçayn que Allah les agrée et de Abou Bakr AzZouhriyy.

Quant à ses chaykh parmi les tabi^iyy –les successeurs des compagnons– qui lui ont transmis le hadith, ils sont de l’ordre de deux cents.

Ses élèves

Abou Hanifah a eu de nombreux élèves parmi lesquels ^Oubaydou l-Lah Ibnou l-Moubarak et Waki^, les plus réputés d’entre eux étant Abou Youçouf Al-Qadi et Mouhammad Ibnou l-Haçan Ach-Chaybaniyy ainsi que beaucoup d’autres encore.

Le haut degré de l’Imam Abou Hanifah

Les spécialistes de l’histoire des biographies attribuent à l’Imam Abou Hanifah de nombreux évènements indiquant son intelligence et sa grande perspicacité.

L’Imam moujtahid Abou Hanifah que Allah l’agrée, n’aurait pas eu tant de science ni cette formidable capacité de donner des arguments s’il n’avait pas été extrêmement perspicace et s’il n’avait pas une capacité de mémorisation exceptionnelle. En effet, il a été confirmé à son sujet une multitude de choses étonnantes et surprenantes aussi bien dans le qada c’est-à-dire lorsqu’il prononçait les sentences entre les parties adverses, que dans la jurisprudence, ce qui témoigne de son haut degré et de son intelligence.

Un sage conseil

Parmi cela, il a été rapporté qu’un homme était venu à lui. Il lui a dit : « Imam, j’ai enterré de l’argent il y a longtemps mais j’ai oublié l’endroit où je l’ai enterré. »

C’est alors que l’Imam lui a dit « Va et passe toute la nuit en prières jusqu’au matin, tu te rappelleras si Allah le veut où tu as enterré cet argent. » L’homme a fait ce qu’il lui avait dit et avant même que ne s’écoule le premier quart de la nuit, il s’est souvenu de l’endroit où il avait enterré son argent. Il est alors parti voir l’Imam Abou Hanifah et lui a raconté cela. Abou Hanifah lui a dit : « Je savais que le chaytan –le diable– ne te laisserait pas passer toute la nuit à faire des prières. Maintenant, si tu passais le restant de la nuit en prières pour remercier Allah ? »

Sa piété

L’Imam Abou Hanifah, que Allah l’agrée, était un homme ascète, ayant la crainte de Allah, pieux, ayant beaucoup de crainte et d’humilité à l’égard de Allah et qui invoquait en permanence Allah ta^ala. Ibnou Khillikan a rapporté dans son livre Wafayatou l-‘A^yan d’après Açad fils de ^Amr qu’il a dit : « Abou Hanifah récitait tout le Qour’an dans un seul cycle de prière (rak^ah). Et on l’entendait pleurer pendant la nuit au point que ses voisins compatissaient avec lui. On a retenu de lui qu’il a récité sept mille fois le Qour’an du début jusqu’à la fin dans l’endroit où il est mort. »

Un de ses prodiges

Yazid Ibnou l-Koumayt a dit : « Abou Hanifah était de ceux qui avait une intense crainte de Allah dans leur cœur. » Il raconte « Un soir, ^Aliyy Ibnou l-Houçayn, a récité durant la prière du ^ichala sourate AzZalzalah alors qu’Abou Hanifah était derrière lui dans l’assemblée de prière. Lorsqu’il termina la prière et que les gens étaient partis, j’ai dirigé mon regard vers Abou Hanifah et il était encore assis, il méditait et il soupirait. Lorsque je suis sorti, j’ai laissé la chandelle contenant un tout petit peu d’huile. Elle était proche de l’extinction. Je suis revenu après la levée de l’aube et Abou Hanifah était debout. Il tenait sa barbe et disait : “Ô Toi Qui rétribue pour un grain de bien par du bien, ô Toi Qui rétribue pour un grain de mal par du mal, évite à Ton esclave An-Nou^man le feu de l’enfer et le mal qui rapproche du feu de l’enfer et accorde lui une part dans Ta large miséricorde.” Yazid a dit : “J’ai fait l’appel à la prière et la chandelle était toujours allumée.” –c’est-à-dire que la veille il l’avait laissée proche de l’extinction et le lendemain, elle brillait plus intensément– Lorsque je suis entré, il m’a dit : “Garde pour toi ce que tu as vu ! –en effet, ceci était un prodige que Allah a accordé à l’imam Abou Hanifah et il ne voulait pas être dévoilé– Et il a accompli deux rak^ah –c’est-à-dire une prière surérogatoire de deux cycles–, puis il s’est assis jusqu’à ce que je fasse l’appel à la prière. Il s’est levé et a fait la prière avec nous, la prière du matin avec le woudou’ du début de la nuit. »

Le Calife Al-Mansour avait voulu élever Abou Hanifah au rang de juge et Abou Hanifah lui avait répondu : « Crains Allah et ne confie ta sécurité qu’à quelqu’un qui craint Allah car par Allah je ne suis pas préservé de la satisfaction alors comment serais-je préservé de la colère ? Je ne conviens pas pour cela. » Al-Mansour avait dit : « tu mens, c’est toi qui conviens pour cela. » Alors il avait répondu : « Ainsi tu as jugé en ma faveur contre toi-même, comment élèveras-tu au rang de juge quelqu’un de menteur ? »

Yazid fils de ^Amr fils de Houbayrah Al-Fazzariyy, un émir, avait voulu qu’il soit juge à Koufa au temps de Marwan Ibnou l-Hakam mais il avait refusé. Il l’avait donc frappé de cent dix coups de fouet à raison de dix coup par jour, mais lorsqu’il avait constaté son obstination à refuser d’être juge, il avait fini par le relâcher.

Haroun Ar-Rachid témoigne en faveur de Abou Hanifah

Abou Youçouf Al-Qadi, que Allah lui fasse miséricorde, a grandi orphelin –dans la loi de l’Islam, l’orphelin est l’enfant qui n’a pas atteint l’âge de la puberté et dont le père est décédé– et fut le compagnon de Abou Hanifah, il a appris auprès de lui. Il demeura longtemps auprès d’Abou Hanifah sans occuper d’apprendre un métier grâce auquel il puisse vivre. C’est alors que la mère de Abou Youçouf était venue auprès de Abou Hanifah et s’en était plainte en le blâmant. Elle avait dit : « Il est la prunelle de mes yeux. » Abou Hanifah avait répondu à la mère de Abou Youçouf : « Réjouis ton cœur, il est en train d’apprendre comment manger du faloudhaj –c’est une sorte de plat sucré très raffiné– à l’huile de pistache. » Effectivement, lorsqu’il eut grandi, il est devenu le Qadi des qadi et mangeait auprès de Haroun Ar-Rachid qui était l’Émir des musulmans. On avait rapporté à Ar-Rachid cet événement et il avait dit : « Abou Hanifah voit grâce à une lumière que Allah lui accorde », c’est-à-dire qu’il a eu un dévoilement (kachf), Allah le lui a fait savoir.

La science et la forte capacité de riposte de l’Imam Abou Hanifah

Abou Hanifah était la référence des savants sunnites –les savants de Ahlou s-Sounnah–, le plus réputé d’entre eux pour répliquer aux gens qui suivent leurs passions et plus particulièrement les mou^tazilah. Ach-Chafi^iyy a dit : « Celui qui veut approfondir ses connaissances dans la jurisprudence sera comme un enfant par rapport à Abou Hanifah. »

Ses répliques contre les détracteurs de l’Islam

L’Imam Abou Hanifah, que Allah l’agrée, était un moujtahid absolu, qui avait une forte capacité de riposte et d’argumentation. À son époque, il était le défenseur de la Sounnah contre l’égarement des mou^tazilah –un groupe se réclamant de l’Islam qui a innové dans la croyance en disant notamment que Dieu aurait créé les humains en leur donnant le pouvoir de créer leurs actes et que suite à cela Dieu n’aurait plus eu de pouvoir sur eux–. Une à une, il avait recherché leurs assemblées dans le pays pour débattre avec eux et leur répliquer avec l’argument décisif qui les faisait taire. Il avait montré l’infondé de leurs prétentions et révélé leurs supercheries.

Sa maîtrise de la science du Tawhid

Il avait atteint un degré tel dans la science du Tawhid qu’il est devenu la référence auprès des gens, le soutien de Ahlou s-Sounnah et le plus connu dans la riposte contre les gens de l’égarement, particulièrement les mou^tazilah.

La science du Tawhid, c’est la science de la croyance en l’unicité. Cette science concerne la connaissance des attributs qui sont obligatoires au sujet de Allah, des attributs qui sont impossibles à Son sujet et de ce qui est possible à Son sujet ta^ala. C’est une science louable. L’imam Abou Hanifah était parmi les gens de son époque, celui qui s’en préoccupait le plus. Ses deux livres Al-Fiqhou l-‘Akbar et Al-Fiqhou l-‘Absat sont une preuve claire qu’il maîtrisait la science du Tawhid par le biais des preuves selon la raison et selon les textes qu’il avait réunies conformément à la voie sunnite –la voie de Ahlou s-Sounnah wal-Jama^ah–.

Ceux qui ont fait ses éloges

L’auteur du livre At-Tabsiratou l-Baghdadiyyah a rapporté de l’imam Abou ^Abdi l-Lah AsSaymariyy que l’Imam Abou Hanifah était le spécialiste de la science du Kalam de cette communauté dans son époque ainsi que le spécialiste de référence dans la jurisprudence, c’est-à-dire dans le licite et l’interdit.

Al-Khatib a rapporté dans son livre Tarikh Baghdad sur l’Histoire de Bagdad, d’après Harmalah Ibnou Yahya d’après Ach-Chafi^iyy qu’il a dit : « Celui qui veut approfondir ses connaissances dans la jurisprudence sera comme un enfant par rapport à Abou Hanifah. »

Il a été rapporté également de Ach-Chafi^iyy qu’on a dit à Malik que Allah l’agrée : « Est-ce que tu as rencontré l’Imam Abou Hanifah ? » Il a dit : « Oui, et j’ai vu un homme qui, s’il te disait qu’il transformerait ce pilier en or, par la puissance de ses arguments il saurait t’en convaincre. » –C’est une métaphore arabe qui montre la force de ses démonstrations et cela ne veut pas dire qu’il aurait menti–.

Al-Khatib a également dit dans Tarikh Baghdad que Abou Hanifah a vu dans le rêve comme s’il creusait la tombe du Messager de Allah صلى الله عليه وسلم . Il a fait interroger Ibnou Sirin au sujet de ce rêve. –Ibnou Sirin est un savant et un saint à qui Dieu a donné la science de l’interprétation des rêves– Il a dit : « Celui qui a vu ce rêve va faire jaillir une connaissance à laquelle personne n’était parvenu avant lui. »

La croyance de l’Imam Abou Hanifah

Abou Hanifah qui a fondé une grande école de jurisprudence, était sur la même croyance que le Prophète صلى الله عليه وسلم . Il croyait en l’existence de Allah sans endroit, sans comment, sans aucune ressemblance avec les créatures. Et il a œuvré pour propager et défendre cette croyance.

Il avait la croyance du Prophète et de ses compagnons

Abou Hanifah que Allah l’agrée, était sur la croyance du Prophète صلى الله عليه وسلم et de ses compagnons honorables, que l’agrément de Allah soit sur eux. Il a en effet rencontré certains d’entre eux et ils lui ont transmis la connaissance. Il était comme les autres Imams du Salaf qui étaient sur la croyance du Tawhid de l’exemption de Allah ta^ala de tout ressemblant, du fait d’être un corps et de l’endroit.

Pour preuve, ce qui est rapporté dans son livre Al-Fiqhou l-‘Absat lorsqu’il dit :

(كانَ اللهُ ولا مكان، كانَ قبلَ أن يَخْلُقَ الخلق كانَ ولم يكن أينٌ ولا خَلقٌ ولا شىء وهو خالقُ كل شىء)

(kana l-Lahou wala makan, kana qabla ‘an yakhlouqa l-khalq, kana walam yakoun ‘aynoun wala khalqoun wala chay’, wahouwa khaliqou koulli chay’)

« Allah est de toute éternité et il n’y a pas d’endroit de toute éternité. Allah existe de toute éternité et il n’y a pas de créature de toute éternité. Il existe de toute éternité et il n’y a pas de “où” –c’est-à-dire d’endroit– de toute éternité, ni de créatures, ni quoi que ce soit et Il est le Créateur de toute chose. »

L’Imam Abou Hanifah a composé cinq livres concernant la science du Tawhid qui constituent encore une référence de nos jours :

  1. Al-Fiqhou l-‘Akbar,

  2. Al-Fiqhou l-‘Absat,

  3. Ar-Riçalah,

  4. Al-^Alim wal-Mouta^allim et

  5. Al-Wasiyyah.

Au sujet de la non ressemblance absolue du Créateur avec les créatures

Parmi les paroles précieuses que l’imam Abou Hanifah a dites au sujet de l’exemption de Allah ta^ala de toutes caractéristiques des corps, il y a sa parole dans son livre Al-Fiqhou l-‘Akbar :

(والله واحد لا من طريق العدد ولكن من طريق أنه لا شريك له، لم يلد ولم يولد ولم يكن له كفوًا أحد، لا جسم ولا عَرَض ولا حَدَّ له ولا ضد ولا ند ولا مثل، لا يشبه شيئًا من خلقه، ولا يشبهه شىء من خلقه، وهو شىء لا كالأشياء)

(wal-Lahou wahidoun la min tariqi l-^adad walakin min tariqi ‘annahou la charika lah lam yalid walam youlad walam yakoun lahou koufouwan ‘ahad, la jismoun wala ^aradoun wala haddoun lahou wala diddoun wala niddoun wala mithl, la youchbihou chay’an min khalqihi wala youchbihouhou chay’oun min khalqih, wa houwa chay’oun la kal-‘achya)

« Dieu est unique, non pas dans le sens numérique mais dans le sens qu’Il n’a pas d’associé, Il n’engendre pas et n’est pas engendré et Il n’a pas d’équivalent. Il n’est pas un corps, ni une caractéristique d’un corps, Il est donc exempt d’avoir une limite grande ou petite, un opposé, un semblable ou un ressemblant. Il n’a pas de ressemblance avec quoi que ce soit dans Sa création et rien de Sa création n’a de ressemblance avec lui. Il existe [Dieu] mais pas comme tout ce qui existe.». 

Il a dit également :

(أنىَّ يشبه الخالق مخلوقه)

(‘anna youchbihou l-khaliqou makhlouqah)

« Comment serait-il possible que le Créateur ait une ressemblance avec ce qu’Il crée ? »

Au sujet de l’exemption de l’endroit de Allah

Il a dit également, que Allah l’agrée, dans son livre Al-Fiqhou l-‘Absat :

(من قال لا أعرفُ ربّي في السماء أو في الأرض فقد كفر)

(man qala la ‘a^rifou rabbi fi s-sama’i ‘aw fi-l-‘ard faqad kafar)

« Si quelqu’un dit : “Je ne sais pas si mon Seigneur est au ciel ou sur terre, il est devenu mécréant. » Ainsi, celui qui attribue à Allah la localisation et l’endroit en disant : ” Je ne sais pas si Son endroit est le ciel ou la terre” n’est pas musulman.

Au sujet de la parole de Dieu

Abou Hanifah était de ceux qui exemptaient Allah de la voix, des lettres et de la langue. Il a en effet précisé que la parole de Allah qui est Son attribut propre à Son Être de toute éternité, exempt de début et de fin, n’est pas composée de lettres et n’est pas une voix. Il a dit dans son livre Al-Fiqhou l-‘Absat ce qui suit :

(واللهُ يتكلّم بكلام لا يشبهُ كلامَنا نحن نتكلّم بالآلات من المخارج والحروف والله متكلّم بلا آلةٍ ولا حرفٍ، فصفاته غير مخلوقة ولا مُحْدثة، والتغير والاختلاف في الأحوال يحدث في المخلوقين، ومن قال إنها مُحدثة أو مخلوقة أو توقف أو شك فهو كافر)

(wal-Lahou yatakallamou bikalamin la youchbihou kalamana nahnou natakallamou bil-‘alati mina makhariji wal-houroufi wal-Lahou moutakallimoun bilaalatin wala harf)

« Dieu parle d’une parole qui n’est pas comme la nôtre, nous parlons par le moyen d’organes à partir de points de prononciation et de lettres mais Dieu parle sans organe ni lettre. Ses attributs ne sont pas créés, ni entrés en existence. Le changement et la modification des états ont lieu pour les créatures et si quelqu’un croit que les attributs de Allah sont entrés en existence ou qu’ils sont créés ou s’abstient en ne voulant pas se prononcer ou en doute, il n’est pas musulman. »

Au sujet de la vision de Allah dans l’au-delà

L’imam de l’école hanafite, qui est l’un des savants du Salaf les plus réputés a dit :

(واللهُ تعلى يُرى في الآخرة ويراه المؤمنون وهم في الجنّة يأعين رؤوسهم بلا تشبيه ولا كميّة ولا يكون بينه وبين خلقه مسافة)

(wal-Lahou ta^ala youra fi l-‘akhirah, wayarahou l-mou’minouna wahoum fi l-jannah bi ’a^youni rou’oucihim bila tachbihin wala kammiyyah wala yakounou baynahou wabayna khalqihi maçafah) *

« Allah ta^ala sera vu dans l’au-delà, les croyants le verront alors qu’ils seront eux au Paradis, avec les yeux de leur tête, sans aucune ressemblance ni aucune forme, et il n’y aura pas de distance entre Lui et Ses créatures. » Il a cité cela dans son livre Al-Fiqhou l-‘Akbar.

Il a dit également dans son livre Al-Wasiyyah page 4 :

(ولقاء الله تعالى لأهل الجنّة بلا كيف ولا تشبيه ولا جهةٍ حقّ)

(wa liqa’ou l-Lahi ta^ala li ’ahli l-jannati bila kayfin wala tachbihin wala jihatin haqq)

« La vision de Allah par les gens du Paradis sans comment, sans ressemblance et sans direction, est une vérité. »

L’Imam Abou Hanifah a interprété des versets non explicites

On trouve dans le Qour’an des versets explicites et des versets non explicites. Certains savants tels que Abou Hanifah ont interprété les versets non explicites, ils leur ont donné un sens conforme à la Sounnah et aux versets explicites.

L’interprétation globale des versets non explicites

L’imam Abou Hanifah fait partie des successeurs, né en 80 il est mort en 150 de l’Hégire et fait donc partie du Salaf dont le Prophète a fait l’éloge. Il a eu l’immense honneur de voir les compagnons, des gens qui avaient vu et vécu avec notre Prophète bien-aimé, Mouhammad fils de ^Abdou l-Lah.

Dans le Qour’an honoré figurent :

  1. des versets explicites : ce sont les versets qui n’admettent qu’un seul sens du point de vue de la langue, ou encore ceux dont le sens qui est visé a été clairement connu. C’est le cas de la parole de Allah :

﴿لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَىْء﴾

[Ach-Choura / 11] (layça kamithlihi chay’)

« Rien n’est tel que Lui ».

  1. et des versets non explicites : ce qui est non explicite, c’est ce qui admet plusieurs sens selon la langue, et qui nécessite donc une exégèse pour lui donner le sens qui est en conformité avec les ayah explicites. C’est le cas de la parole de Alla:

﴿الرَّحْمَنُ عَلَى الْعَرْشِ اسْتَوَى﴾

[sourat Taha / 5] (Ar-Rahmanou ^ala l-^archi stawa)

Les savants tels que Abou Hanifah ont interprété les versets équivoques, ils leur ont donné un sens conforme à la Sounnah et aux versets clairs.

Ainsi, l’imam Abou Hanifah est dans la lignée des savants du Salaf, qui, comme l’ont dit An-Nawawiyy et d’autres préféraient ne pas interpréter en détail mais ils interprétaient globalement, en disant « sans comment » et c’est exactement ce que Abou Hanifah a fait. Il a dit clairement que les attributs de Allah sont « sans comment » ce qui est totalement différent du fait de dire “on ne sait pas comment.

Au sujet du yad de Allah

Parmi les précieuses paroles que l’imam Abou Hanifah a dites au sujet de l’exemption de Allah de toute caractéristique des corps, il y a sa parole dans son livre Al-Fiqhou l-‘Akbar :

يدُهُ صفتُهُ بلا كيف

(yadouhou sifatouhou bila kayf)

« Son (yad) est un de Ses attributs sans comment. »

(Al-yad) est un attribut de Allah sans que ce soit une main c’est-à-dire sans que ce soit un organe. En effet (al-yad) est un attribut de Allah cité à plusieurs reprises dans le Qour’an. Ce qui est visé par l’attribut de Dieu (al-yad) n’est pas le sens qui vient communément à l’esprit en arabe pour le mot (yad) : la main –l’organe, le membre–. Mais son sens est tel que l’a dit l’imam Abou Hanifah, c’est un attribut sans comment, qu’il est impossible de s’imaginer ou se représenter.

Au sujet de l’istiwa

L’imam Abou Hanifah a dit dans le livre Al-Wasiyyah :

(نقِرُّ بأنّ اللهَ على العرش استوى من غير أن يكونَ لهُ حاجةٌ إليه واستقرارٌ عليه وهو الحافظُ لِلعرشِ وغيرِ العرشِ من غير احتياجٍ ، فلو كان محتاجًا لما قدَرَ على إِيجادِ العالم وتدبيره كالمخلوق ولو كان محتاجًا إلى الجلوس والقرار فقَبلَ خلقِ العرش أينَ كان اللهُ تعالى عن ذلك علوّا كبيرًا)

(nouqirrou bi ’anna l-Laha ^ala l-^archi stawa min ghayri ‘an yakouna lahou hajatoun ‘ilayhi wastiqraroun ^alayhi wahouwa l-Hafidhou li l-^archi waghayri l-^archi min ghayri htiyajin falaw kana mouhtajan lama qadara ^alaijadi l-^alami watadbirihi kal-makhlouqi walaw kana mouhtajan ‘ila l-joulouci wal-qarar faqabla khalqi l-^archi ‘ayna kana l-Lahou ta^ala, ta^ala l-Lahou ^an dhalika ^oulouwan kabira

« Nous reconnaissons –tout comme il a été rapporté dans le Qour’an que Allah istawa ^ala l-^arch sans qu’Il en ait besoin du trône ni qu’Il s’installe ou de s’établisse dessus, et Il est Al-Hafidh, Celui Qui préserve le Trône et autre que cela sans nécessiter de le faire. Car s’Il avait un quelconque besoin, Il ne serait pas tout puissant à faire exister le monde et à prédestiner tout ce qui lui arrive, Il serait comme les créatures. Et s’Il avait besoin de s’asseoir (al-joulous) et de s’établir (al-istiqrar), alors avant de créer le Trône, où donc aurait-Il été ?! Allah est exempt de ce que lui attribuent les injustes. »

Ainsi l’istiwa de Allah cité dans le Qour’an dans le verset 5 de sourat Taha n’a pas le sens de la position assise qui vient communément à l’esprit ; c’est un istiwa sans comment.

Cette parole est citée dans le livre Al-Wasiyyah de Abou Hanifah authentifié par Al-Kawthariyy page 2 et Moulla ^Aliyy Al-Qari l’a citée dans le commentaire du livre Al-Fiqhou l-‘Akbar page 70 au sujet de la parole de l’imam : « Son yad est un attribut qui est sans comment. »

La croyance des savants hanafites

Les savants hanafites étaient et n’ont jamais cessé d’être sur la croyance du tanzih, c’est-à-dire de l’exemption de Allah de tout attribut des créatures tel que l’endroit, la direction ou le comment.

At-Tahawiyy

L’Imam, le Hafidh –spécialiste de la transmission du hadith–, le Faqih –spécialiste de la jurisprudence– Abou Ja^far ‘Ahmad Ibnou Salamah AtTahawiyy le hanafite (mort en 321 de l’Hégire) que Allah l’agrée, a dit dans son traité Al-^Aqidatou tTahawiyyah : « Allah est exempt des limites, des fins, des côtés, des organes et des membres. Les six directions ne Le délimitent pas, contrairement à toutes les créatures ».

AtTahawiyy fait partie des savants du Salaf. Il a dit au tout début de son Traité de croyance : « Ceci est l’énoncé de l’exposé de la croyance de Ahlou s-Sounnah wa l-Jama^ah ». C’est-à-dire qu’il s’agit de la croyance du Salaf parmi les compagnons et les tabi^iyy –les successeurs– et les successeurs des successeurs concernant l’exemption de Allah de l’endroit, de la direction et du corps. La parole de AtTahawiyy est extrêmement importante car il fait partie des savants du hadith et des savants de la jurisprudence ; c’est un savant hanafite. Cette croyance est enseignée partout dans le monde, dans les instituts et les universités islamiques.

An-Naçafiyy

Le Mouhaddith Abou Hafs Najmou d-Din ^Oumar Ibnou Mouhammad AnNaçafiyy, le hanafite (mort en 537 de l’Hégire), l’auteur du traité de croyance connu sous le nom de Croyance Naçafiyyah a dit dans Al-^Aqidatou n-Naçafiyyah –comprise dans Le Recueil des Traités de base Importants–, p 28 : « Celui qui a fait entrer en existence ce monde, c’est Allah ta^ala et Allah n’est pas une substance, Il est existence sans comment et Il n’est pas dans un endroit ».

Moulla ^Aliyy Al-Qari

Le Chaykh Moulla ^Aliyy Al-Qari Al-Hanafiyy mort en 1014 de l’Hégire a dit dans le Commentaire de Al-Fiqhou l-‘Akbar après qu’il a terminé le commentaire des Raça’il de l’Imam Abou Hanifah p 196, 197 : « Quant à Son ^oulouww, ta^ala, par rapport à Ses créatures qui est tiré de ce qui est de l’ordre de la parole de Allah ta^ala :

﴿وَهُوَ القَاهِرُ فَوْقَ عِبَادِهِ﴾

sourat ‘Ali ^Imran / 18 (wa houwa l-Qahirou fawqa ^ibadih), il s’agit d’un ^oulouww –élévation– par le degré et non pas d’une élévation par l’endroit, conformément à ce qui est décrété chez les gens de ‘Ahlou s-Sounnah wa l-Jama^ah ».

Le décès du grand savant l’Imam Abou Hanifah

L’Imam Abou Hanifah est décédé en 150 de l’hégire, l’année de la naissance de l’Imam Ach-Chafi^iyy. L’imam Malik a été contemporain des Imams Abou Hanifah et Ach-Chafi^iyy. Ces trois savants fondèrent trois écoles de jurisprudence encore largement enseignées et pratiquées de nos jours.

Son décès

Il est décédé en l’an 150 de l’Hégire, l’année même de la naissance de l’Imam Ach-Chafi^iyy. Il a été dit « Une lune est morte et une lune est née », c’est-à-dire que Abou Hanifah était comparé à une lune par l’éclat de sa science et Ach-Chafi^iyy le fut également. Il a été dit qu’il est mort en prison en raison de son refus d’accepter la charge de juge ; mais il a aussi été dit que non. Environ cinquante mille personnes ont fait la prière funéraire en sa faveur et ont suivi son convoi funéraire.

Se recueillir sur sa tombe

Il a été enterré dans le cimetière de Al-Khayzaran à Bagdad, en Irak, que Allah lui accorde de larges miséricordes.

Le Hafidh Ahmad Ibnou ^Aliyy Abou Bakr Al-Khatib Al-Baghdadiyy –mort en l’an 462 de l’hégire– dans son livre Tarikh Baghdad sur l’histoire de Bagdad (tome 1 / page 123) avec une bonne chaîne de transmission a dit ce qui suit, d’après ce qu’a rapporté ^Aliyy Ibnou Maymoun : « J’ai entendu Ach-Chafi^iyy dire : “Je recherche les bénédictions (tabbarouk) par Abou Hanifah et je me rends à sa tombe chaque jour. Si j’ai un besoin, j’accomplis deux cycles de prière (rak^ah) puis je me rends à sa tombe et je demande à Allah ta^ala qu’Il m’accorde la chose dont j’ai besoin et ce, auprès de sa tombe. Après cela mon affaire est rapidement réglée.” »

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