Khoutbah La tombe

Khoutbah n°813 : L’interrogatoire dans la tombe

Lorsque le mort est placé sur la civière et que les gens l’emmènent vers la tombe, les anges ramènent l’âme et l’accompagnent dans le convoi funéraire.

Après-mort-tombe-deces-apbif

Discours en Arabe

Discours en Français

بِسمِ اللهِ الرَّحمنِ الرَّحِيم

Je commence par le nom de Allah, Celui Qui accorde Sa miséricorde à toutes les créatures dans le bas monde mais aux seuls croyants dans l’au-delà, Celui Qui accorde beaucoup de miséricordes aux croyants

 الحَمدُ للهِ رَبِّ العَالَمِين

La louange est à Allah le Seigneur des mondes

والصَّلاةُ والسَّلامُ عَلى سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ رَسُولِ اللهِ

Que l’honneur et l’élévation en degrés soient accordés à notre maître Mouhammad le Messager de Allah, ainsi que la préservation de sa communauté de ce que le Prophète craint pour elle.

Khoutbah n°813

 Le vendredi 24 avril 2015, correspondant au 05 Rajab 1436 de l’Hégire

La sortie de l’âme et l’interrogatoire par les deux anges Mounkar et Nakir

 

Mes frères de foi,

Louanges à Allah, nous Le louons, nous recherchons Son aide, nous recherchons Sa bonne guidée, nous Le remercions, nous recherchons Son Pardon et nous nous repentons à Lui. Nous demandons que Allah nous préserve du mal de nos âmes et du mal de nos mauvaises œuvres. Celui que Allah guide, nul ne peut l’égarer ; et celui que Allah égare, nul ne peut le guider. Je témoigne qu’il n’est de dieu que Allah, le seul à ne pas avoir d’associé ni de semblable, ni d’équivalent ni d’égal.

Et je témoigne que notre maître Mouhammad, notre éminence et notre guide, la cause de notre joie est Son esclave et Son messager, Son élu et Son bien-aimé, celui que Allah a envoyé en tant que miséricorde pour les mondes, guide annonciateur de bonne nouvelle et avertisseur contre le châtiment. Le Prophète a transmis le message. Il s’est acquitté de ce qui lui a été confié. Il a conseillé la communauté et lutté dans la voie que Allah agrée d’une lutte juste et correcte. Que Allah le rétribue pour nous du meilleur de ce dont Il a rétribué chacun de Ses prophètes. Ô Allah, honore et élève davantage en degré notre maître Mouhammad et la famille de notre maître Mouhammad, comme Tu l’as fait pour notre maître Ibrahim et pour la famille de notre maître Ibrahim, et bénis notre maître Mouhammad et la famille de notre maître Mouhammad, comme Tu as béni notre maître Ibrahim et la famille de notre maître Ibrahim, Tu mérites certes louanges et glorification.

Esclaves de Allah, je vous recommande de faire preuve de piété à l’égard de Allah Al-^Aliyy, Al-Qadir, Celui Qui dit dans le Livre qui ne comporte pas d’erreur :

 

﴿ كُلُّ نَفْسٍ ذَآئِقَةُ الْمَوْتِ وَإِنَّمَا تُوَفَّوْنَ أُجُورَكُمْ يَوْمَ الْقِيَامَةِ فَمَن زُحْزِحَ عَنِ النَّارِ وَأُدْخِلَ الْجَنَّةَ فَقَدْ فَازَ وَما الْحَيَاةُ الدُّنْيَا إِلاَّ مَتَاعُ الْغُرُورِ  ﴾

[sourat ‘Ali ^Imran/ 185] (koullou nafsin dha’iqatou l-mawt ; wa‘innama touwaffawna ‘oujourakoum yawma l-qiyamah ; faman zouhziha ^ani n-nari wa‘oudkhila l-jannata faqad faz ; wama l-hayatou d-dounya ‘il-la mata^ou l-ghourour)

« Chaque personne goûtera à la mort ; vous n’aurez votre rétribution complète qu’au Jour du jugement ; celui qui sera éloigné de l’enfer et que l’on fera entrer au Paradis aura réussi ; la vie du bas-monde n’est que jouissance trompeuse et éphémère. »

Mes frères de foi, réfléchissez au sujet du rassemblement et de la résurrection. Rappelez-vous du Jour du jugement, rappelez-vous lorsque les gens seront ressuscités. Certes le Jour du jugement il y aura de regrets. Lors du rassemblement, des gémissements. Sur le pont, des trébuchements. Lors de la pesée des actes, des larmes. L’injustice sera ce jour-là une source d’obscurité. Les livres des actes contiendront même les regards. Il y aura chagrin et regrets pour les péchés. Il y aura joie et plaisir pour les bonnes actions. Un groupe sera au paradis. Il sera élevé dans les hauts degrés. Un autre groupe sera en enfer. Il sera rabaissé dans les bas niveaux.

Ce qui te sépare de tout cela, c’est qu’on dise : « Untel est mort ». Oui chers bien-aimés, « Untel est mort » ! Une phrase que beaucoup de gens répètent et que beaucoup d’autres entendent.

Mais la question qui se pose à celui qui l’entend : a-t-il réfléchi et en a-t-il tiré une leçon afin de demander des comptes à son âme ?! Afin de combler ses défaillances ? Afin de se poser la question sur ce qu’il a préparé, si un jour on devait dire de lui « Untel est mort » ?!

Chers bien-aimés, Allah ^azza wajall dit :

﴿  قُلْ يَتَوَفَّاكُم مَّلَكُ الـمَوْتِ الَّذِي وُكِّلَ بِكُمْ ثُمَّ إِلَى رَبِّكُمْ تُرْجَعُونَ ﴾

[sourat As-Sajdah / 11] (qoul yatawaffakoum malakou l-mawti l-ladhi woukkila bikoum thoumma ‘ila Rabbikoum tourja^oun)

« Dis : c’est l’ange de la mort qui prendra votre âme ; lui qui a été chargé de votre terme ; ensuite vous serez ressuscités pour le jugement de votre Seigneur. »

L’ange de la mort selon l’unanimité (‘ijma^) est notre maître ^Azrail ^alayhi s-salam. C’est un ange honoré selon le jugement de Allah comme tous les anges. Il est chargé de retirer les âmes.

Lorsqu’il retire l’âme d’un croyant, il la remet aux anges de la miséricorde. Ils annoncent alors à cette âme qu’elle a la récompense, la miséricorde de Allah et Son agrément.

Lorsqu’il retire l’âme d’un mécréant, il la remet aux anges du châtiment. Ils lui annoncent le châtiment, la volonté de Allah de la châtier et Sa punition.

Les anges ne laissent pas l’âme avec notre maître ^Azrail ne serait-ce que le temps d’un clin d’œil après l’avoir retirée, mais ils l’emmènent au ciel si c’est l’âme d’un croyant pieux et à la septième terre si c’est celle d’un mécréant.

Lorsque le mort est placé sur la civière et que les gens l’emmènent vers la tombe, les anges ramènent l’âme et l’accompagnent dans le convoi funéraire. Si c’est l’âme d’un homme vertueux, comme dans le hadith rapporté par Al-Boukhariyy, An-Naça’iyy, Al-Bayhaqiyy, Ahmad et d’autres, dans des termes proches, cette âme va dire :

(( قَدِّموني قَدِّموني ))

(qaddimouni, qaddimouni !)

« Avancez-moi vite, avancez-moi vite ! »

Si c’est l’âme d’un homme de mal, et dans une version du hadith, si c’est l’âme d’un homme mécréant, elle va dire :

(( يا ويلِي أين تذهبون بي ))

(ya wayli, ‘ayna tadh-habouna bi ?)

« Malheur à moi ! Où m’emmenez-vous donc ? »

Mais les gens vivants n’entendent pas ce que cette âme dit, tout comme l’a rapporté An-Naça’iyy et d’autres,

(( ولو سمعها الإنسان لصَعِقَ ))

(walaw sami^aha l-‘insanou lasa^iq)

« Si les humains pouvaient l’entendre, il s’évanouiraient. »

Puis le mort, chers frères de foi, sera placé dans sa tombe et alors ses enfants, ses biens, sa famille et ses compagnons l’abandonneront. Il ne restera avec lui que ses œuvres. Le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

(( يَتْبَـعُ الـمَيِّتَ ثَلاثَةٌ فَيَرْجِعُ اثْنَانِ وَيَبْقَى مَعَهُ وَاحِدٌ يَتْبَعُهُ أَهْلُهُ وَمَالُهُ وَعَمَلُهُ فَيَرْجِعُ أَهْلُهُ وَمَالُهُ وَيَبْقَى عَمَلُهُ ))

[Rapporté par Al-Boukhariyy]

« Trois choses accompagneront le mort jusqu’à sa tombe : deux s’en retourneront et une seule restera avec lui. Sa famille, ses biens et ses œuvres l’accompagneront ; sa famille et ses biens s’en retourneront et ses œuvres resteront. »

Puis ce sera l’interrogatoire par Mounkar et Nakir. Ils interrogeront le mort. Il est parvenu dans un hadith rapporté par Al-Boukhariyy, At-Tirmidhiyy, An-Naça’iyy et d’autres dans des termes proches, la version ici, étant celle de An-Naça’iyy, que le Messager de Allah salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

(( إِنَّ العَبْدَ إِذَا وُضِعَ فِى قَبْرِهِ وَتَوَلَّى عَنْهُ أَصْحَابُهُ إِنَّهُ لَيَسْمَعُ قَرْعَ نِعَالِهِمْ أَتَاهُ مَلَكَانِ فَيُقْعِدَانِهِ فَيَقُولانِ لَهُ مَا كُنْتَ تَقُولُ فِى هَذَا الرَّجُلِ مُحَمَّدٍ فَأَمَّا الـمُؤْمِنُ فَيَقُولُ أَشْهَدُ أَنَّهُ عَبْدُ الله وَرَسُولُهُ فَيُقَالُ لَهُ انْظُرْ إِلَى مَقْعَدِكَ مِنَ النَّارِ قَدْ أَبْدَلَكَ الله بِهِ مَقْعَدًا خَيْرًا مِنْهُ ))

 « Lorsque l’esclave sera placé dans sa tombe et que ses compagnons retourneront sur leur pas, il entendra le bruit de leurs pas s’éloigner ; alors viendront à lui deux anges qui le feront asseoir et lui diront : « Que disais-tu de cet homme Mouhammad ? » Le croyant répondra : « Je témoigne qu’il est l’esclave de Allah et Son Messager. » On lui dira : « Regarde donc la place que tu as évitée en enfer, Allah te l’a remplacée par une place meilleure. »

Le Messager salla l-Lahou ^alayhi wasallam a dit :

(( فَيَرَاهُمَا جَمِيعًا وَأَمَّا الكَافِرُ أو الـمُنَافِقُ فَيُقَالُ لَهُ مَا كُنْتَ تَقُولُ فى هذا الرجل فيقول لا أدرى كنت أقول كما يقول الناس فَيُقَالُ له لا دَرَيْتَ ولا تَلَيْتَ ثم يُضْرَبُ ضَرْبَةً بين أذنيه فَيَصِيحُ صَيْحَةً يَسْمَعُهَا مَنْ يَلِيهِ غَيْرُ الثَقَلَيْنِ ))

« Il verra donc les deux endroits. Quant au mécréant ou à l’hypocrite, on lui dira : « Que disais-tu de cet homme ? » Il répondra : « Je ne sais pas ! Je disais ce que les gens disaient ! » On lui dira : « Tu n’as pas su ! Tu n’as pas témoigné ! » Puis il recevra un coup entre les oreilles et poussera un cri que tout ceux qui sont aux alentours entendront sauf les humains et les jinn. »

Chers bien-aimés, croire à l’interrogatoire des deux anges Mounkar et Nakir, c’est-à-dire croire que cet interrogatoire aura lieu, est un devoir pour toute personne responsable. Cet interrogatoire aura lieu pour le croyant et le mécréant de la communauté de l’appel –c’est-à-dire ceux à qui notre Maître Mouhammad a été envoyé.

Un croyant accompli ne ressentira ni terreur, ni dérangement de leur interrogatoire. En effet, Allah lui raffermira le cœur. Il ne va pas tressaillir ni être apeuré par leur aspect effrayant. En effet, tout comme il est parvenu dans le hadith, ils sont d’un noir bleu. Ils ont des yeux rouges comme des chaudrons de cuivre et des canines comme des cornes de vaches. Ils ouvrent des tranchées dans la terre avec leurs canines et leur voix est comme le tonnerre[1].

Malgré cela, le croyant accompli se réjouira à leur vue et à leur interrogatoire car il sait qu’il est sauvé, qu’il fait partie de ceux qui seront sauvés. Il répondra à leur interrogatoire au sujet de celui que Allah, le Seigneur du monde agrée le plus :

(أشهد أنه عبد الله ورسوله)

« Je témoigne qu’il est l’esclave de Allah et Son Messager. »

Il lui sera dit :

( أنظر إلى مقعدك من النار قد أبدلك الله به مقعدا خيرا منه )

« Regarde donc la place que tu as évitée en enfer, Allah te l’a remplacée par une place meilleure. »

Et dans une autre version :

( أنظر إلى مقعدك من النار فقد أبدلك الله به مقعدا فى الجنة )

« Regarde la place que tu as évitée en enfer, Allah te l’a remplacée par une place au Paradis. »

Quant à l’hypocrite ou au mécréant, il sera apeuré et terrorisé, tellement il aura peur de leur aspect au point que sortira de sa bouche des paroles qu’il ne voulait pas du tout dire. Il va dire :

( لا أدرى كنت أقول ما يقول الناس )

« Je ne sais pas, je disais ce que les gens disaient. »

Ils lui diront alors :

( لا دريت ولا تليت )

« Tu n’as pas su et tu n’as pas témoigné ! ».

C’est une parole qui est dite pour le réprimander. Ils le frapperont ensuite avec une masse de fer. Ils le frapperont à la tête avec cette masse de fer, et lui donneront un coup tellement fort qu’il poussera un cri si fort que tous ceux qui sont dans les alentours l’entendront sauf les humains et les jinn.

Mes frères de foi, l’interrogatoire des deux anges dans la tombe est une des choses qui sont spécifiques à cette communauté. Les croyants, tout comme les mécréants seront interrogés. Mais sera excepté de cet interrogatoire le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam en raison de son honneur. Les anges ne l’interrogent donc pas. Il y a également les martyrs de combat. Ils ne sont pas interrogés car leurs âmes montent immédiatement au Paradis et ne retournent pas à leurs corps après l’enterrement, jusqu’au jour où l’ange soufflera dans le Cor, annonçant le Jour du Jugement. Les enfants également ne sont pas interrogés. Il s’agit de ceux qui sont morts avant la puberté car ils ne sont pas responsables. Il est parvenu dans le hadith que le Messager salla l-Lahou ^alayhi wasallam a mentionné l’interrogatoire des deux anges. Notre Maître ^Oumar a alors dit :

( أَتُرَدُّ علينا عقولنا يا رسول الله )

« Reprendrons-nous donc conscience, ô Messager de Allah ? ».

Le Prophète salla l-Lahou ^alayhi wasallam a répondu :

(( كهيئتكم اليوم ))

« Tout comme vous l’êtes maintenant ! »

L’état d’un homme dans sa tombe est semblable à son état dans le bas-monde. Il ressent la félicité, il ressent la douleur. Cela a lieu par l’âme et par le corps même si cela nous est caché et voilé dans ce bas-monde.

Chers bien-aimés, rappelez-vous que le bas-monde va à sa fin, que notre demeure sera la tombe, que chacun ira à la rencontre des œuvres qu’il a accomplies, et que dans la tombe, le seul compagnon de l’homme sera ses actes. Celui qui est raisonnable, c’est celui qui se rappelle de la mort, c’est celui qui se prépare pour l’au-delà, c’est celui qui prend des provisions à partir ce bas-monde, qui prend les bonnes œuvres en provisions. La tombe est tel un coffre pour les œuvres.

Un poète a dit :

النفس ترغب فى الدنيا وقد علمت                أن السلامة فيها ترك ما فيها

L’âme désire le bas-monde alors qu’elle a su

Que la sauvegarde est de délaisser ce qu’il contient

لا دار للمرء بعد الموت يسكنها                إلا التى كان قبل الموت يبنيها

Après la mort, l’homme n’aura d’autre résidence à occuper

Que celle qu’avant la mort il aura bâtie et édifiée

فإن بناها بخير طاب مسكنه                        وإن بناها بشرّ خاب بانيها

S’il l’a construite avec du bien, ce sera donc un bon logis

Mais s’il l’a construite avec du mal, malheur à celui qui l’aura bâtie

أين الملوك التى كانت مسلطنة               حتى سقاها بكأس الموت ساقيها

Où sont donc les rois qui ont eu tant de pouvoir

Jusqu’au jour où à la coupe de la mort ils ont du boire

أموالنا لذوى الميراث نجمعها                          ودورنا لفناء الدهر نبنيها

Nos biens, pour nos héritiers nous les rassemblons

Et nos maisons, pour la fin dans ce monde nous les construisons

Ô Allah, fais que nos cœurs soient détachés du bas-monde. Emplis nos cœurs du désir de ce que Tu as réservé comme récompenses, fais que nos cœurs soient raffermis dans la tombe et au Jour de la grande exposition, ô Toi le Plus miséricordieux des miséricordieux.

Ayant dit mes propos, je demande que Allah me pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.

 

     
     
     
         
     
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
         
             

 

[1] Rapporté dans le livre Fat-hou l-Bari